Ils sont nombreux à prendre pour épouses des femmes habitant les bidonvilles, souvent veuves ou divorcées, dans le seul but de s'assurer un gîte. C'est un phénomène dont nous a fait part notre interlocutrice psychologue et sur lequel nous sommes tombés par hasard à Sidi Abdelkader. Il s'agit, pour la plupart, de travailleurs journaliers venus de l'intérieur du pays. Les marchés de l'emploi et de la location étant ce qu'ils sont dans les grandes villes, les pauvres zouafra n'ont guère le choix. Le mariage se fait souvent par la seule fatiha. Certains se permettent même de mener une double vie, car étant déjà mariés dans leur douar d'origine. El-Amri est à peu près dans la même situation même si ce sont d'autres circonstances qui l'ont amené à vivre dans un bidonville. A 48 ans, il en est à son deuxième mariage. Originaire d'une wilaya de l'Est, il est venu au milieu des années 1990 à Blida chercher du travail. Il ne tarde pas à se faire embaucher comme maçon et à faire la connaissance d'une fonctionnaire de police qu'il prendra pour épouse. Le jeune couple s'est mis en tête de loger dans un premier temps chez les parents de la fille avant de se procurer une location bon marché. Sauf que les nouveaux mariés ont été priés de plier bagage trois jours seulement après le mariage. Ne sachant où aller, le couple se rend à Sidi Abdelkader où il installe une baraque de parpaing et de tôle. La jeune femme n'a pas supporté longtemps les terribles conditions de vie qui y régnaient – et règnent toujours – ; elle a été emportée par un cancer, il y a quelques années. El-Amri s'est, depuis, remarié avec une femme divorcée qu'il a connue sur place. Il est père de trois enfants… Lire demain notre reportage sur le bidonville de Saliba