Pour subvenir à leurs besoins, les habitants du bidonville de Oued Aïssi se sont réparti les tâches entre tous les membres de la communauté : les femmes accompagnées de leurs enfants, se rendent au centre-ville pour faire la manche et, pour ce faire, elles ne prennent jamais le transport en commun. Elles louent des fourgons ou autres moyens de transport tels que les camionnettes pour chacun de leur déplacement. Arrivées en ville, chacune sait où elle doit se rendre. Le partage des places «stratégiques» sur les rues fortement fréquentées par les gens, à savoir à côté de la mosquée, de certains organismes financiers, des bars…, se fait avec les mendiants des autres régions de la wilaya ou d'ailleurs. Souvent des disputes éclatent entre des mendiantes à cause des places. Les enfants lorsqu'ils sont un peu grands, font la manche seuls et les femmes se font souvent accompagner de nourrissons qui sont parfois loués pour susciter la pitié des passants. Les mendiantes vont vers d'autres wilayas telles que Alger et Boumerdès. Elles ne prennent pas le transport en commun, mais louent des taxis et payent la course rubis sur l'ongle. L'argent ramassé est remis à des gérants de taxiphones qui ont besoin de monnaie. Un employé d'un KMS de la ville de Tizi Ouzou reçoit régulièrement une dame qui échange sa monnaie contre des billets. Selon lui, la recette journalière de cette mendiante n'est jamais moins de 1 000 DA. Parfois bien plus durant les fêtes religieuses notamment. Les hommes occupent leurs journées à passer au crible le lit de l'oued Aïssi, un affluent de l'oued Sebaou, pour y extraire du sable. De vieilles femmes occupent le site de l'ancienne station-service située face à la gare routière et proposent, à ceux qui y croient, de leur dire l'avenir. Quant aux tarifs pratiqués, ils peuvent aller jusqu'à 3 000 DA et celui qui refuse de payer ne manquera pas d'être pris à partie par les voyantes.