Cérémonie n La journée nationale de l'artiste, célébrée dimanche au théâtre national et qui coïncide avec la remise du Prix Ali-Maâchi à la mémoire de cet artiste tombé au champ d'honneur, a été marquée par le mea culpa de l'Etat. Le prix Ali-Maâchi, instauré par un décret présidentiel, est une distinction venant récompenser de jeunes artistes et créateurs dans les différents domaines de la création littéraire et artistique, allant de la littérature aux arts plastiques, en passant par le théâtre, la musique, la chanson, la danse et le cinéma. S'ajoutent à cette distinction des prix d'encouragement dans ces différents domaines. Ainsi, une quarantaine de jeunes créateurs de différentes régions du pays ont été primés. Avant la remise des prix, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, a, dans son allocution, présenté au nom de l'Etat des excuses aux artistes algériens. «Excusez-nous, pardonnez-nous de ne pas avoir été à la hauteur de ce que vous avez donné», a-t-elle dit. Et de poursuivre : «Nous n'étions pas à la hauteur de vos sacrifices (…), nous ne vous avons pas reconnus à votre juste valeur… » Et d'ajouter : «A ceux qui sont partis dans le silence, pardon. A ceux qui ont été malades et que nous n'avons pas pris en charge, pardon. A ceux qui sont encore en vie, mais que nous n'avons pas satisfait quant à leurs préoccupations et à leurs soucis, pardon. A ceux qu'on a oublié dans leur exil, pardon.» Il était temps. Le ministère de la Culture a reconnu au nom de l'Etat le tort fait aux artistes algériens, au manque de considération et de reconnaissance à leur égard.Khalida Toumi a ensuite promis que désormais l'Etat – à sa tête son ministère – projette d'œuvrer en faveur des artistes de manière à leur assurer leurs droits moraux et matériels. La ministre de la Culture, Khalida Toumi, pour qui «l'artiste n'est pas un mendiant», mais quelqu'un qui attend qu'on lui procure les conditions favorables à son épanouissement et qu'on lui offre un cadre indispensable à son travail de création, a annoncé prochainement la signature du projet de loi relatif à la création d'une institution – elle aura pour nom Arts et Lettres – chargée de gérer la profession de l'artiste et de réguler sa condition sociale et son statut moral. «Cette institution viendra régler tous les problèmes que rencontre l'artiste», a-t-elle promis. Mais il se trouve que lors de cette journée consacrée à l'artiste, la ministre n'a, à aucun moment de son allocution, évoqué la question du statut de l'artiste. Une question qui, depuis des années, ne cesse de préoccuper les gens de la culture et d'alimenter des polémiques. A la remise du Prix Ali-Maâchi, s'ajoute une série d'hommages rendus aux danseurs et danseuses du ballet national, créé juste au lendemain de l'indépendance. Ces hommages ont été réservés à la 1re génération du ballet national, à l'instar de Skili Hamida, Ghassoul Fatiha, Aïssani Omar… D'autres hommages suivront, ceux des 2e et 3e générations, au mois de juillet. A l'occasion de la journée nationale de l'artiste, le ballet national a présenté diverses fresques chorégraphiques. La 1re concerne la culture targuie. Ainsi, des danses inspirées des traditions et légendes touareg, ce peuple qui garde son aura de mystère. La 2e fresque a été entièrement consacrée à la culture urbaine : de la danse hip-hop a ravi l'assistance – c'était d'ailleurs la plus belle performance scénique. C'était une prouesse artistique actuelle et originale. Enfin, le ballet national a, au terme de son voyage chorégraphique, présenté, au bonheur du public, des séquences de la danse citadine, celle d'Alger.