Poids n L'Algérie, avec ses potentialités économiques et humaines, constitue un partenaire «clé» de la rive sud de la Méditerranée. l'architecte de l'UPM en est bien conscient. Il n'a économisé aucun effort pour convaincre Alger de prendre part au sommet fondateur de l'UPM de demain. Le président de la république, Abdelaziz Bouteflika, a mis fin au suspense en annonçant la semaine dernière au Japon à son homologue français Nicolas Sarkozy qu'il participerait en personne au sommet qui doit lancer demain à Paris l'Union pour la Méditerranée (UPM). Cette décision de l'Algérie était du goût de Sarkozy qui a été ravi au point que c'est lui-même qui s'est chargé d'annoncer la nouvelle. «Le président Bouteflika m'a demandé de rendre publique sa décision, il sera présent à Paris au sommet de l'Union de la Méditerranée», a-t-il déclaré à la presse. «C'est extrêmement important, d'abord parce que l'Algérie joue un rôle central, et le président Bouteflika lui-même a une expérience, une autorité qui font que sa présence autour de la table pour le sommet de l'Union pour la Méditerranée est un élément décisif pour le succès de ce sommet, et je l'en remercie», a poursuivi le chef de l'Etat français. Ces dernières semaines, les autorités algériennes avaient exigé des promoteurs français de l'UPM des éclaircissements sur la nouvelle entité qui doit succéder au processus euroméditerranéen dit de Barcelone, qui n'a jamais vraiment décollé depuis son lancement en 1995. Lors d'un Forum des pays de la Méditerranée le 6 juin, le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci avait exigé, au nom de son pays et de ses voisins arabes, des «clarifications sur les conséquences» de la présence d'Israël au sein de l'UPM. «Ce n'est pas l'UPM qui doit faire la normalisation (des relations) entre Israël et les pays arabes, à laquelle n'était pas parvenu le processus de Barcelone» de 1995, avait-il jugé. Au-delà du seul conflit israélo-palestinien, Alger avait également posée d'autres «conditions» à sa participation à l'UPM. D'abord la reconnaissance par la France de ses «crimes» pendant la période coloniale de 1830 à 1962, à laquelle Nicolas Sarkozy s'est jusque-là toujours refusé. Et ensuite une «solution équitable et définitive» au conflit du Sahara occidental, où Paris défend une position plus proche de celle du Maroc. Les autorités algériennes s'étaient également déclarées «déçues» par l'arrimage de l'UPM à tous les pays de l'Union européenne (UE), alors que seuls les riverains de la Méditerranée y avaient été initialement invités. Tout sourire, M. Bouteflika s'est refusé la semaine dernière à confirmer si certaines de ces réticences avaient été levées au cours de son entrevue avec M. Sarkozy. «Il n'y a jamais eu de réticences», s'est-il contenté de lâcher à la presse, «il n'y a eu que des pourparlers». L'Elysée a tenu à minimiser toute divergence entre les deux pays, faisant savoir que le président algérien avait retardé la confirmation de sa présence à Paris «pour pouvoir l'annoncer personnellement à Nicolas Sarkozy». En confirmant sa présence, le chef de l'Etat algérien a levé une des dernières incertitudes qui pesait sur le sommet de demain.