Pour diverses raisons, bon nombre de jeûneurs boudent complètement le s'hor, même s'ils savent pertinemment que ce repas est le meilleur moyen d'emmagasiner de l'énergie pour la journée. Karim, cadre aux impôts, affirme qu'il est obligé de dormir avant minuit pour se lever de bonne heure. «je suis obligé de manger avant», dit-il. Farida, mère de 4 enfants, parle de la grande responsabilité qu'elle assume, à commencer par les tâches ménagères, les achats pour la préparation de l'unique repas, la chaleur qui règne dans la cuisine, le jeûne… «Je ne vous cache pas qu'avant d'aller me coucher, je laisse tout sur la table pour mon mari et mes enfants qui n'auront qu'à se servir à l'heure qu'ils veulent», avoue-t-elle. Rebiha, une vieille dame enchaîne : «On mange dans le noir – sans électricité –, pas une goutte d'eau depuis trois jours… et sans eau comment voulez-vous préparer le s'hor ? Et sa fille Zineb d'ajouter : «C'est un ramadan difficile que nous passons cette année. Outre la flambée des prix, il y a cette chaleur torride et les incendies de ces derniers jours en plusieurs points du pays.» Un père de famille affirme qu'il n'est pas de l'avis de ceux qui favorisent le s'hor pour le maintien de l'équilibre : «Mon petit café au lait avec un gâteau que je prends quotidiennement avant de dormir, me suffit.» Amin, étudiant à la faculté de médecine, gros fumeur, affirme : «Je ne mange pas assez en ce mois de carême, ce qui fait que je ne me lève même pas au s'hor.» Ammi Rabah – c'est comme cela que les habitants de son quartier l'appellent – parle de la prière des tarawih, de ses vertus spirituelles et physiques et assure que le s'hor est un repas bénéfique qui apporte la «baraka».