Résumé de la 2e partie n Grâce à son bœuf aux pouvoirs magiques, Mungalo mange à sa faim et réussit à s'en sortir au cœur de la forêt devant un troupeau de buffles sous la protection d'un puissant taureau... Et soudain il aperçut, droit devant eux, un à-pic vertigineux, telle une muraille dressée vers le ciel. Un étroit passage s'ouvrait là, taillé à même la falaise comme par la hache d'un géant. Tout au fond du défilé, on devinait un village. Mais à l'entrée de la gorge un énorme taureau veillait, une bête plus inquiétante encore que le taureau de la clairière. Non loin de là paissait un troupeau couleur de terre. Le cour de Mungalo fit un bond : c'était l'endroit dont avait parlé le bœuf blanc, l'endroit dont il avait dit : «Là je tomberai, là tu me perdras.» Alors, la gorge nouée, il se laissa aller contre l'encolure de la bête et resta un moment immobile. Puis il se ressaisit, mit pied à terre, effleura les cornes magiques et caressa doucement le mufle de l'animal. Le bœuf alors prit la parole : Adieu Mungalo. N'oublie pas : Frappe mes cornes et tu auras Tout ce que tu souhaiteras. Ce pouvoir se conservera Après ma mort, rien que pour toi. Dans le combat sans merci qui s'ensuivit, le bœuf aux cornes magiques périt. Quand le nuage de poussière soulevé par les combattants retomba, il était là, qui gisait, mort. Le grand taureau et son troupeau avaient disparu. Mungalo, aveuglé de larmes, coupa les cornes de son bœuf et les glissa à sa ceinture. Quand il y vit plus clair enfin, le bœuf blanc avait disparu à son tour, sans laisser plus de traces que le taureau et sa harde. Alors Mungalo s'engagea dans la gorge et gagna le village, par-delà la falaise. Là, il trouva les villageois occupés à faire cuire des racines. Il eut tôt fait de découvrir que ces racines coriaces étaient tout ce qu'il restait à manger au village. La harde couleur de terre avait dévasté l'endroit des semaines plus tôt, éventré les greniers et piétiné le grain. Lorsque les villageois virent Mungalo sortir de l'étroit défilé, ils s'empressèrent autour de lui. — Mais comment as-tu fait pour franchir le passage ? Un énorme taureau en interdit l'entrée depuis des lunes et des lunes. Mungalo ne tenait guère à raconter l'histoire du bœuf blanc. Il n'était pas question de livrer à quiconque le secret des cornes magiques. Il dit simplement : — Il n'y a pas plus de troupeau que d'énorme taureau à l'entrée du défilé. Et vous avez bien tort de vous contenter de racines quand vos champs regorgent de récoltes splendides. Les villageois poussèrent des cris de joie. Le passage était libre, libre ! Le tam-tam se mit à battre et tout le monde à danser. Le chanteur du village célébra les mérites de l'étranger porteur de bonnes nouvelles. A présent, les villageois pouvaient regagner leurs champs le cœur en paix. Le chanteur du village invita Mungalo dans sa case pour la nuit. Comme ils avaient faim tous deux, Mungalo frappa discrètement la corne de son bœuf. Au troisième coup, tout un repas surgit devant eux sur la natte. Son hôte fut très surpris de voir apparaître ainsi pareille abondance de victuailles. Il dévora de bon cœur, bien résolu à percer le mystère au plus tôt. Il en souriait malgré lui tout en versant à Mungalo force rasades de vin de palme. Mais la langue de Mungalo ne se délia pas pour autant et il garda son secret pour lui. (à suivre...)