Réalité n Des cafés, où s'attablent des dizaines de clients, ne disposent même pas du strict minimum de commodités. Pour se soulager, les malheureux clients n'ont qu'à changer de café et essayer d'en trouver un parmi ceux très rares qui disposent de toilettes, ou se retenir le plus longtemps possible. Ces cafés dépourvus de sanitaires existent partout à Alger. A la rue Hassiba Ben Bouali, par exemple, sur une vingtaine de cafés visités, seuls sept disposent de toilettes. A la sortie est de la rue, un grand café populaire ne désemplit pas à longueur de journée. Des dizaines de tables y sont disposées. Mais le local est sans toilettes ! La raison ? «Je ne peux pas mettre des toilettes à la disposition de certains clients indélicats… Même si l'eau coule à flots 24h/24h, beaucoup parmi eux ne prennent même pas la peine de verser l'eau ou de tirer la chasse», justifie le propriétaire du café, un quinquagénaire qui se tient debout du matin au soir devant la caisse et qui se charge, lui-même, de décevoir ses clients qui veulent savoir s'il y a «un petit coin» dans «le grand café». Mais ce ne sont tout de même pas tous les clients qui sont indélicats et malpropres. «Je ne suis pas en train de dire le contraire, mais les toilettes ont été à maintes fois bouchées et j'ai dû entreprendre des travaux onéreux. Il a fallu creuser pour trouver là où c'est bouché. Moi, je ne peux pas surveiller chaque client qui rentre dans les toilettes. Alors, j'ai choisi la solution radicale : supprimer les sanitaires», rétorque-t-il. Cet argument est celui avancé par tous les propriétaires de cafés qui sont dépourvus de toilettes. Une situation qui pénalise énormément la clientèle qui déplore cette pratique, mais qui ne peut rien faire. «On n'a qu'à subir. A qui puis-je me plaindre sinon au propriétaire lui-même ?», se désole un client dans un café de la même rue. Un autre enchaîne : «C'est malheureux. Comment voulez-vous qu'on attire les touristes étrangers qui ne trouvent même pas où se soulager ? La capitale est la vitrine du pays et ses cafés doivent être un exemple en matière de propreté et de services. Je me demande dans quel état sont nos cafés dans les quartiers populaires et les villages…». Les clients rencontrés dans ces «cafés sans sanitaires» s'interrogent aussi sur l'absence des services concernés, à savoir ceux du ministère du commerce et ceux de l'hygiène des APC qui doivent certainement être au courant de cette situation...