Jean-Paul ne tire pas ses remarques de considérations théoriques mais de ses propres expériences, d'un examen de sa vie intérieure. C'est ainsi que les trois traités qu'il consacre au rêve – Sur la magie naturelle de l'imagination, 1795, Sur le rêve, 1798 et Coup d'œil sur le monde des rêves, 1813 – sont, avant tout, le fruit de ses essais. Il appelait les rêves qu'il provoquait, des semi-rêves ou des rêves électifs, c'est-à-dire choisis selon ses propres désirs. C'est le premier auteur à caractériser de la sorte le rêve lucide. Selon sa théorie, il est aisé, pourvu qu'on en exprime un fort désir, de diriger ses rêves. «Outre les beaux paysages, j'y cherche toujours, mais toujours volant (ce qui est la caractéristique certaine d'un rêve électif) de belles figures, afin de les étreindre sans autres formes sous les yeux de la société la plus nombreuse, car cette société justement n'est que mon rêve». Mais le désir ne se réalise par toujours, et les images que l'on veut créer n'arrivent pas. Jean-Paul fait part d'une expérience qui l'a déçu. «Une fois, dans un village, je recourus à cet artifice d'appeler à moi deux belles comtesses inconnues ; car, disais-je il faut que ces chères amies apparaissent maintenant, délicieusement tissées par l'imagination que l'attente du rêve contraint à leur donner les plus belles couleurs. Mais je ne vis alors ni Grâces ni Furies, et comme il arrive souvent, mon rêve mourut, inachevé, en un autre rêve... Je dis aux figures qui m'apparaissaient, mais avec un sublime tourment : ‘'Je vais m'éveiller, et vous serez anéanties''».