Constat n La justice internationale proprement dite n'existe pas, car elle continue d'être un instrument de pression pour des intérêts géopolitiques et géostratégiques. «Il n'y a pas une justice internationale, ce qui existe c'est une justice européenne au service de l'Occident», a affirmé Me Mohand Issad lors de son intervention, hier, à la table ronde d' El Moudjahid, consacrée à la justice internationale et à l'évaluation de ses institutions, notamment la Cour pénale internationale (CPl). A propos du travail de cette cour, le juriste et universitaire Me Issad a mis en exergue le rôle limité de cette cour : «On est loin d'une justice internationale, cependant, il faut savoir que cette justice ce n'est pas nous qui l'avons créée, mais eux, c'est-à-dire les Occidentaux. Alors, il est clair qu'il ne faut rien attendre de ces pays. Et au lieu de continuer à bouder cette institution, les pays musulmans et arabes sont appelés à s' y impliquer activement.» Chose dont ne semble pas être convaincu Me Boudjemaâ, qui avance que la cause principale de la non-adhésion de la majorité des pays arabes (hormis la Jordanie et Djibouti qui en sont membres) dans la CPl s'explique surtout par le vide juridique caractérisant le fonctionnement de cette institution. «La CPl ne définit pas encore l'acte de l'agression qui, à ma connaissance, demeure le plus grand crime contre l'humanité. C'est cette raison qui a poussé les pays de l'Union africaine et la Ligue arabe à refuser l'adhésion». Cela dit, ce vide juridique ne permet pas une interprétation claire des affaires relevant de la justice internationale. «C'est pour cette raison aussi que les puissances occidentales continuent de considérer les agressions israéliennes contre la Palestine ou le Liban comme une légitime défense», a-t-il souligné. D'après le même spécialiste, les pays occidentaux ont une vision limitative et beaucoup plus géopolitique de tout ce qui concerne la justice internationale. «Les institutions comme la CPl sont là pour imposer une vision néocolonialiste», a-t-il encore affirmé. Tout en reconnaissant les limites de toutes les institutions internationales censées intervenir pour «garantir» la justice internationale, Me Miloud Brahimi estime toutefois que l'excuse avancée par la majorité des pays arabes pour ne pas adhérer à la Cour pénale internationale est loin d'être convaincante. «En refusant d'admettre la nécessité d'adhérer à cette institution, les pays arabes donnent l'image d'être classés au même titre qu'Israël qui n'est pas membre pour des raisons claires et qui demeure un grand agres- seur.» Pour Me Mohand Issad, les vraies raisons de refus de l'adhésion des pays arabes à cette cour ne sont pas celles avancées et demeurent cachées. «Par peur d'être eux-mêmes un jour poursuivis, certains de ces dirigeants boudent la CPl, car plusieurs d'entre eux se trouvent déjà coupables et ne disposent pas de légitimité au pouvoir», a expliqué Me.Issad. l Selon Me Miloud Brahimi, avant de parler de vide juridique caractérisant la CPl, il faut mettre en exergue le vide juridique du droit humanitaire algérien. Me Brahimi a fait ainsi savoir que le droit algérien ne qualifie pas encore de crime de guerre l'acte de génocide et d'agression. «C'est pour cette raison, d'ailleurs, que l'Algérie trouvera de grandes difficultés si elle décide d'engager une poursuite judiciaire contre les criminels de la guerre d'Algérie à l'image d'Aussaresses par exemple», a-t-il estimé.