Débat n L'intellectuel et le paysage culturel algérien ont fait l'objet d'un débat, hier, au forum de Radio-culture qui a eu lieu au centre culturel de la Radio. Lors de son intervention, Amin Zaoui, l'invité du forum, a dit que «l'intellectuel algérien s'est toujours lié au militantisme». «L'intellectuel algérien a toujours été un militant au plan politique comme au plan culturel», a souligné Amin Zaoui pour qui «l'intellectuel s'attelle à créer et à produire des valeurs». Amin Zaoui a, ensuite, relevé que «le mouvement national a rassemblé les intellectuels algériens, arabophones et francophones.» «La Révolution algérienne a réussi à rassembler tous les intellectuels algériens, en transcendant les divergences culturelles, les clivages linguistiques et les différences idéologiques», a-t-il fait savoir, et ce, de telle manière, a-t-il poursuivi, qu'au lendemain de l'indépendance tous ces intellectuels de différentes parties étaient appelés à réfléchir ensemble sur une stratégie culturelle. Amin Zaoui a attesté, qu'au lendemain de l'indépendance de l'Algérie, une volonté sincère émanait de l'Etat et se faisait manifestement sentir quant à l'avenir de la culture en Algérie, et notamment du rôle de l'intellectuel dans l'émancipation et le développement de la société. «Toutes les parties étaient avisées, et chaque intellectuel était appelé à contribuer en vue de bâtir une société démocratique et culturelle», a ajouté Amin Zaoui, précisant qu'il n'y avait ni divergences culturelles ni susceptibilités idéologiques. Tout le monde croyait en une Algérie plurielle. Il se trouve que le rêve a tourné court. «L'espoir s'est évanoui suite au coup d'Etat de 1965», a-t-il indiqué. Et de dire : «Le paysage culturel algérien s'est figé. Les intellectuels algériens, pour la plupart, ont pris le chemin de l'exil. La culture s'est trouvée verrouillée, contrôlée, censurée. La création s'est uniformisée. Tout se faisait sur un modèle.» «Les organismes, tels que l'Union des écrivains, sont devenus une tribune pour la voix du pouvoir», a-t-il relevé. «A l'exception du travail individuel que menait, çà et là, les intellectuels, toute l'activité culturelle et la pratique artistique étaient centrées autour du politique», a-t-il repris, ajoutant : «Même l'édition était orchestrée par le pouvoir. On recensait seulement les livres de propagande.» Amin Zaoui a, ensuite, regretté que la langue arabe ait été instrumentalisée par l'institution politique. «La langue arabe a été politisée. Son contenu est idéologique. Elle est devenue véhicule de projet politique». «Aujourd'hui, a-t-il poursuivi, la langue arabe est remplacée par la langue française. L'arabe qui est enseigné à l'école n'est pas producteur de la culture. La langue qui produit en Algérie la culture est le français.» Et cela en raison de l'absence d'une stratégie et d'une gestion culturelle efficiente et rentable. Ainsi, et pour finir, Amin Zaoui, qui appelle à repenser le paysage culturel algérien, a mis l'accent sur le vide et le marasme culturel qui sévit en Algérie. Il a aussi mis en garde contre la politique culturelle française au Maghreb, et notamment en Algérie, qui, profitant de ce vide culturel, travaille à promouvoir la culture et la langue françaises à travers diverses actions, tel le financement dans le domaine du cinéma, de l'édition…