Souffrance n «Je suis vraiment perdu, j'ai frappé à toutes les portes, en vain.» Abderrazak Khoual, employé à la mairie d'El-Harrach, ne sait plus à quel saint se vouer pour résoudre son problème. Cela fait 2 ans et demi qu'il habite un F3 à la cité des 300-Logements aux Eucalyptus avec sa femme, ses deux petites filles, ses parents et deux de ses sœurs encore célibataires. Mais dans quelques semaines, il devra quitter le logement qui lui a été attribué dans le cadre d'une opération de relogement des résidents d'un centre de transit. Et pour cause : «La justice a décidé d'octroyer le F3 que j'occupe depuis plusieurs mois à mon voisin de palier qui devra mettre à ma disposition le F2 qui lui a été attribué la première fois», explique-t-il, tout en précisant qu'«il respecte cette décision». «Mais le problème est que j'ai déboursé beaucoup d'argent pour rénover le logement que j'occupe à présent, enchaîne-t-il. De plus, le F2 qu'on me propose est trop exigu pour contenir toute ma famille.» Selon les autorités, le F3 qui a été attribué à Abderrazak l'a été par erreur, ce que conteste ce dernier : «Comment peut-on octroyer un F2 à une famille comme la mienne ? Il y a anguille sous roche.» Toutefois, il se dit prêt à appliquer la décision de justice qui a été rendue en faveur de son voisin. «Je suis un citoyen respectueux de la justice de mon pays. Tout ce que je demande, c'est qu'on m'attribue un logement ailleurs. Après tout ce qui s'est passé avec mon voisin, on ne peut pas vivre sur le même palier. La situation risque de dégénérer à tout moment», affirme-t-il avec l'énergie du désespoir. Il faut dire qu'il a saisi toutes les autorités, mais sans résultat. «J'ai adressé des courriers au wali-délégué d'El-Harrach, au directeur de cabinet du wali d'Alger, au wali, au ministre de la Justice, mais je n'ai eu aucune réponse», dit-il. Et de s'interroger : «Pourquoi me fait-on tout cela ? Mon père, qui a participé à la Guerre de Libération nationale, n'arrive pas à comprendre cette situation. Il est tellement touché par cette mésaventure qu'il n'arrive plus à retrouver le sourire, j'ai vraiment peur pour sa santé.»