Le Conseil de sécurité des Nations unies a encore une fois raté l'occasion de retrouver un semblant de crédibilité en se montrant incapable d'adopter une résolution susceptible de mettre fin aux violences israéliennes dans la bande de Ghaza. Après douze jours d'agression, le Conseil de sécurité -qui a comme mission de ramener la paix partout dans le monde- a bien tenté de se réunir mardi dernier en fin de journée sous la présidence de Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères. En vain. Malgré le renfort des chefs de la diplomatie des pays arabes et du président de l'Autorité palestinienne, aucune motion n'a été adoptée. La Libye, seul pays arabe à siéger au sein du Conseil au titre de membre non permanent, a déposé un texte appelant notamment à l'arrêt des l'agression israélienne et à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Ghaza pour permettre notamment de secourir les blessés. Mais sans résultat. Parce que, bien avant le début de la réunion –voulue également par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon- des voix ont fait savoir qu'une résolution ne passera pas. Il s'agit essentiellement des Etats-Unis qui ont annoncé qu'ils allaient utiliser le droit de veto en cas de condamnation de l'Etat hébreu, estimant que Tel-Aviv est dans une position de «légitime défense». De son côté, pour des raisons totalement différentes (du moins dans la forme), le président français, Nicolas Sarkozy, qui vient de rentrer d'une tournée de 48 heures au Proche-Orient, a estimé que «la France, en tant que président du Conseil de sécurité de l'ONU, demande que, tant que des discussions ont lieu entre les parties concernées, on ne se hâte pas d'obtenir une résolution qui compliquerait la tâche». Ni les supplications de Mahmoud Abbas, qui a exhorté les membres du Conseil à faire cesser «le massacre de mon peuple» ni la pression –souvent hypocrite- des pays arabes, ni les meurtres qui se poursuivent à Ghaza n'ont persuadé les quinze membres du Conseil de sécurité à réagir. Au contraire, dans l'impossibilité de trouver un compromis -pourtant proposé deux jours auparavant conjointement par la France et les pays arabes- les travaux du Conseil ont été ajournés jusqu'à aujourd'hui. Et encore, aucune perspective n'est envisagée jusqu'à présent. Pourtant, quelques heures avant le début de la réunion du Conseil de sécurité, mardi soir, l'armée israélienne avait attaqué des écoles appartenant aux Nations unies à Ghaza, faisant des dizaines de morts et des centaines de blessés, en majorité des enfants et des femmes. C'est, en somme, le silence complice d'une institution censée protéger les populations contre des crimes de guerre. Jusqu'à quand ? A. B.