Le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) organise, depuis hier à l'Institut Pasteur d'Alger, les 8es Journées médico-chirurgicales nationales, portant sur trois thèmes : les stratégies en santé publique, les hémorragies digestives et les infarctus du myocarde. Cette rencontre de deux jours, rehaussée par la présence de l'ancien ministre de la Santé, Abdelhamid Aberkane, initiateur de la seule réforme ayant suscité l'adhésion des professionnels et des usagers, au cours de l'année 2003, entre dans le cadre des activités inscrites dans le programme scientifique du syndicat. En effet, comme l'explique Dr Mohammed Yousfi, le président du Snpssp, le syndicat n'est pas seulement ses actions revendicatives, mais aussi son programme scientifique. C'est d'autant plus important que cela répond à un besoin pressant de couvrir le déficit en matière de formation continue qui n'est plus assurée par les pouvoirs publics. Lors de leurs interventions, les participants ont insisté sur la nécessité de remédier aux dysfonctionnements en matière de gestion, de façon générale. Gestion de l'information, des budgets, des ressources humaines et autres. Ils ont aussi déploré, une fois de plus, l'absence d'une volonté politique réelle qui sera à même d'asseoir une politique de santé publique qui réponde aux aspirations de tous. Dr Yousfi rappelle que depuis la création du syndicat, il y a exactement 20 ans, les praticiens spécialistes n'ont eu de cesse de réclamer une nouvelle loi sanitaire. Celle de 1985 étant dépassée et ne correspondant plus aux besoins des populations à travers le pays. «La loi fondamentale de la santé date de 1985. Cela veut dire 28 ans. Ce n'est pas normal. Comment voulez-vous qu'on ait des réformes et une bonne prise en charge du citoyen si nous n'avons même pas de loi fondamentale de la santé ? C'est pourquoi, nous n'arrêtons pas, depuis au moins 20 ans, d'en réclamer une nouvelle. Il faut que cette loi soit revue et actualisée. Aucune réforme n'a de sens si on ne va pas à l'essentiel, c'est-à-dire élaborer une loi sanitaire, en faisant participer tous les intervenants et les partenaires. La seule bonne action faite dans ce sens était le projet de loi élaboré en juillet 2003, lorsque le Pr Abdelhamid Aberkane, était à la tête de ce département ministériel. Il y avait la participation de tous les professionnels. Tous les représentants des syndicats. 5 mois de discussions et de concertations. Le projet de loi devait passer par le gouvernement et l'APN, malheureusement il y avait la démission du gouvernement.» Le secrétaire général du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, F. Saïhi, ancien gestionnaire et enseignant universitaire, lui aussi regrette cette époque et a affirmé que «depuis 2003, rien n'a été fait pour réformer véritablement la santé et assurer les meilleurs soins aux malades (équité, accessibilité) et une bonne gestion des dépenses et des ressources humaines». Il a qualifié le Pr Aberkane de «pilier de la réforme». Le Pr Aberkane appuie le constat fait par les autres intervenants et affirme que tout le problème réside, en effet, dans l'absence d'une volonté politique de changer les choses. L'ancien ministre insiste particulièrement sur l'urgence d'aller vers la décentralisation. «Je pense que la situation et le potentiel de notre pays est tel qu'il faut libérer les initiatives individuelles, celles des collectivités et celles des territoires. Dans le domaine de la santé, de façon particulière, la décentralisation est nécessaire et indispensable. La santé ne peut qu'être une affaire de proximité. Nous avons des atouts colossaux. Le premier atout, ce n'est pas l'argent mais les ressources humaines. En plus de cela, nous avons l'argent. Malheureusement, il est mal utilisé.» Par ailleurs, à l'occasion de ces deux journées médico-chirurgicales, les praticiens spécialistes ont tenu à rendre hommage à deux grands noms de la profession médicale : Dr Bouakaz Rachid et le Pr Ameur Soltane. Le premier décédé le 24/09/2013 et l'autre, une semaine après, le 01/10/2013. Dr Bouakaz était spécialiste en maladies infectieuses à l'hôpital d'El Kettar et le Pr Soltane, éminent chirurgien thoracique et président de l'association algérienne d'oncologie. K. M.