Tirant la leçon du bruit créé par ses précédentes déclarations, Abdelaziz Belkhadem tente de rectifier le tir et de mesurer ses propos.Lors d'une réunion du comité de coordination de son parti samedi dernier, le secrétaire général du FLN s'est laissé aller à des confidences qui vont certainement faire tache d'huile sur la scène politique nationale dans les jours à venir. Le chef du gouvernement aurait donc annoncé aux personnes présentes, selon des indiscrétions rapportées par certains médias hier, qu'un remaniement du gouvernement serait «imminent» sans donner ni de détail ni de date, d'autant plus que, lors de cette réunion, des ministres étaient présents. Plus subtil, le secrétaire national chargé de la communication au niveau du vieux parti a évoqué des «perspectives» qui s'offrent au pays. Autrement dit, les personnes présentes à la réunion ont abordé des questions qui intéressent le pays dans un avenir que notre interlocuteur qualifie de «proche». Cela fait des années, en effet, que Abdelaziz Belkhadem parle d'un éventuel remaniement ministériel sans que cela se produise forcément. A l'exception d'un léger changement dans l'exécutif de Belkhadem survenu quelques mois après sa nomination, tous les ministres gardent leur poste malgré des interpellations publiques du président de la République. Et même les trop visibles clashs qui existent entre des membres d'un même gouvernement n'ont apparemment pas pesé lourd sur la composition du cabinet Belkhadem. Ce dernier, et à plusieurs reprises, notamment lors d'une communication à la radio au début de l'année 2006, avait déjà annoncé qu'un changement était prévisible en avançant même, et sûr de lui, que lorsqu'un responsable «émet un souhait, cela devient automatiquement un fait». Et le vœu du premier ministre n'a toujours pas été exhaussé plus d'une année et demie après. Pendant cette période, plusieurs couacs ont marqué la communication gouvernementale, entamant même la crédibilité de l'Exécutif. A cela s'ajoute la maladie de plusieurs ministres qui, malgré parfois de lourdes interventions chirurgicales, n'a pas provoqué leur remplacement. Et le dernier en date est celui qui a la charge du transport, Mohamed Maghlaoui, remplacé, à titre d'intérim, par le ministre délégué chargé des collectivités locales, Daho Ould-Kablia. Mais en catamini. L'autre sujet traité par la réunion du comité de coordination du FLN dans cette «perspective» est certainement la tenue de la session ordinaire du conseil national, rapportée à plusieurs reprises, parce que subordonnée à l'annonce ou non de la révision de la Constitution. Si aucune date n'a été annoncée, il semblerait que le Conseil national du FLN se tiendrait dans un proche avenir. Après avoir annoncé vainement l'organisation de cette fameuse réunion réclamée par plusieurs ténors du parti, les responsables du FLN ont déchanté. Et Saïd Bouhedja a même poussé le bouchon plus loin en affirmant, à la fin du mois de février dernier, que la réunion du Conseil national allait se tenir «à la mi-mars» et que les dirigeants n'attendaient que «l'annonce de la révision de la Constitution». A rappeler que, lors de la réunion de l'instance exécutive du FLN fin décembre 2007, Belkhadem avait annoncé que le Conseil national allait se réunir «fin janvier ou, au plus tard, début février» en insinuant qu'un Congrès extraordinaire allait être organisé au cours de l'année pour annoncer le candidat du parti à la prochaine élection présidentielle. En attendant ces échéances, l'ancien parti unique vit toujours une crise de structuration avec des contestations qui ravagent plusieurs mouhafadhas, à l'image de celle d'Oran qui ne trouve toujours pas de solution. Et même le secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, est de plus en plus contesté, même si la contestation n'est pas vraiment organisée et n'a pas de leaders reconnus, comme c'était le cas en 2004. C'est que chez le vieux parti, les décantations ne sont pas encore faites. A. B.