Les amateurs de la photographie d'art ont jusqu'au 30 avril prochain, pour apprécier à la galerie Asma de Ryadh El Feth la 3e édition de l'exposition «Regards reconstruits» organisée par le Mama dédiée cette année à la macro photographique. À cette occasion plusieurs photographes, en l'occurrence Mohamed Cherif Abada, Nabil Chattouh, Abou Firas Zaghez, Abdelhamid Aouragh, Biliana Rakocevic et Hind Oufriha présentent une série de photographies où l'infiniment petit devient une palette de couleurs et de formes traduisant tout un univers onirique. Professionnels et amateurs, tous passionnés, se côtoient chacun avec ses propres techniques afin d'offrir au regard des visiteurs leur propre vision de l'invisible dans des œuvres, poétiques, surréalistes et oniriques Dans la présentation de cette exposition, Mohamed Cherif Abada souligne : «Nous avons tous en nous la curiosité d'aller au plus secret du détail. À la limite, au plus infime, au plus intime. En l'occurrence : vers l'infiniment petit. Les mondes végétal, minéral et animal restent encore pour l'homme des univers de mystère et de curiosité quasi inaccessibles.» Ainsi, «par ce zoom sur la réalité dévoilée, révélée, la macrophotographie a sans cesse évolué au rythme de la technologie. Elle invite à saisir l'instant magique d'un mouvement éphémère et furtif. Cette révolution de l'image, résultat de découvertes essentielles dans le domaine de l'optique, nous fascine et nous enthousiasme. Découvrir et voir le monde de l'intérieur, en révéler la beauté ou la laideur, jouer des formes et des couleurs, telle est la mission de la macrophotographie, dès lors qu'elle mêle les approches scientifique et esthétique.» Participant pour la première fois à la manifestation, Hind Oufriha aiguise son regard et zoom sur l'imaginaire pour révéler la beauté là où elle est invisible au commun des mortels. Journaliste en culturelle, Hind Oufriha, prendra des photographies à partir des balustrades des premier et deuxième étages du Théâtre régional de Béjaïa lors de l'ouverture des journées cinématographiques de Béjaïa de 2012. Concernant sa démarche elle explique : «Mon approche repose beaucoup plus sur la perception de l'autre que sur la technique. Je fais appel au travail d'interprétation du regard de l'autre en fiction, vers où son imaginaire peut le conduire. C'est pourquoi j'estime à mon humble avis que mon travail se distingue des autres sur ce point-là. Dans mes photos on peut y déceler des formes humaines, d'autres animalières pourquoi pas etc. C'est ludique. Le but est celui-là, jouer à "voir" ce que l'on ressent. Selon sa propre perception, sa subjectivité et sa sensibilité.» A propos du choix du noir et blanc, il correspond à de la peinture qui s'écaille, son imaginaire lui permet alors de transcender l'usure du temps en des personnages qu'elle baptise «la princesse aux pieds en feu», «le monstre au cœur en or» ou encore «la géographie intérieure recomposée». Jaoudett Guessouma soulignera quant à lui, à propos de la série de photographies de Yassin Belahcene dédiée à cet instant magique de l'éclosion des fleurs : «Ces travaux sont comme des promenades photographiques. Yassin Belahcene est une sorte de chasseur de miel, guettant le fragile et le poétique dans chaque fleur accrochée par son objectif complice. L'œil aiguisé laisse souvent place à la douce extase d'un poème lu sur quelques gouttes de rosée. La recherche de la lumière est infuse. Elle se révèle dans les reflets portés par des pétales de marguerites timidement poussées sous l'effet d'une quelconque inspiration divine dans ce printemps naissant.» S. B.