Le pire vient d'être évité au Mali avec la signature, vendredi soir dernier, d'un accord de cessez-le-feu entre Bamako et les trois principaux groupes armés qui contrôlent le Nord Mali, à savoir le Mnla (Mouvement national de libération de l'Azawad), le Hcua (Haut conseil pour l'unité de l'Azawad) et le MAA (Mouvement arabe de l'Azawad). C'est sous l'égide de l'Union africaine (UA) que les deux parties en conflit ont paraphé l'accord au terme de discussions avec le président de l'UA, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. Le cessez-le-feu est entré en vigueur dès sa signature. «Ce qu'a obtenu Mohamed Ould Abdel Aziz (...) est admirable, (...) un cessez-le-feu dont nous avons besoin», a commenté le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta. Et c'est le cas de le dire, car la semaine dernière, de violents combats ont opposé à Kidal les forces maliennes et les groupes armés. Ces derniers ont pris le contrôle de la ville, traditionnellement fief de Touareg, mais aussi de Ménaka (660 km au sud-est de Kidal), selon l'ONU, à l'issue de nouveaux affrontements meurtriers mercredi dernier. En fait, le Mali est entré en crise après la défaite humiliante de son armée face aux rebelles. Le gouvernement a été alors contraint d'appeler à un «cessez-le-feu immédiat». Faut-il rappeler que c'est le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, qui, après avoir accusé les rebelles d'avoir commis aux côtés des groupes terroristes des «crimes odieux» à Kidal, s'était déclaré «en guerre contre les terroristes». Les Touareg qui ont rejeté ces accusations, avaient affirmé qu'ils ne faisaient que se défendre. L'affrontement était inévitable surtout si on rappelle que le processus de dialogue entre Bamako et les groupes armés du Nord, amorcé par un accord signé à Ouagadougou en juin 2013, est resté au point mort. Du côté de Bamako, il n'y a clairement pas eu de grande volonté de négocier. Ce n'est que vendredi dernier et après la défaite de l'armée régulière malienne que le président Keïta est revenu au dialogue : «Nous avons toujours été ouverts au dialogue, à l'échange avec nos frères». Face à cette crise, le chef de l'Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l'Union africaine, a effectué une visite express à Bamako puis à Kidal, où il a réussi à faire parapher un accord de cessez-le-feu aux deux parties en conflit. En fait, Ould Abdel Aziz a dit les choses «crûment» au pouvoir malien. «Nous sommes au côté du Mali (...) pour régler ce problème, mais il faut qu'on sache une chose : traiter ce problème, ramener la paix, ce n'est pas s'engager dans une guerre», a déclaré le président de l'UA à Bamako. L'accord signé entre les groupes armés du Nord Mali et Bamako prévoit «la cessation des hostilités sur toute l'étendue du territoire national et le retour à l'accord préliminaire du 18 juin 2013», signé à Ouagadougou «pour une reprise immédiate des négociations avec le soutien des Nations unies et de ses partenaires régionaux et internationaux». Bamako et les groupes rebelles ont également convenu de la libération des prisonniers dans les meilleurs délais, de faciliter les opérations humanitaires des Nations unies et autres partenaires humanitaires, et de respecter les principes de droit humanitaire en vigueur. Ils sont enfin tombés d'accord sur la mise en place d'une commission internationale d'enquête relative aux événements survenus, en commençant par Kidal. À signaler enfin que le redéploiement du dispositif militaire français au Sahel, reporté après les affrontements dans le nord du Mali, devrait être engagé d'ici à un mois ou deux selon l'évolution de la situation. Il doit être marqué notamment par le départ de 600 hommes, dont 300 vers le Tchad et le maintien de 1 000 hommes sur place. H. Y./agences