La croissance économique en Afrique devrait chuter de 6,5 à 4,5% en 2009, «une année semée d'embûches» en raison de la crise mondiale, a indiqué mardi dernier à Tunis le président de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka. «Le taux de croissance du PIB sur le continent risque de tomber de 6,5 à 4,5% en 2009», a-t-il déclaré lors d'une rencontre annuelle avec les ambassadeurs des pays membres accrédités à Tunis, siège provisoire de l'institution. «Les perspectives sont sombres et on risque de voir hypothéqués les acquis des années précédentes», a averti M. Kaberuka, rappelant la mise en place d'un groupe de suivi financier à la BAD pour identifier les risques par pays. Estimant que «la situation en évolution rapide» ne permet pas de mesurer pour l'heure les effets de la crise, il a prévu que les pays qui ont procédé à des réformes économiques structurelles ces dernières années seraient «en meilleure position face au choc». Aussi le président de la BAD a-t-il réclamé «une réponse mondiale coordonnée» et mis en garde contre une remontée de la «pauvreté latente», avec le risque de voir l'Afrique rater les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en 2015. Il a salué une «avancée notable» de l'aide publique au développement pour l'Afrique, estimant que le continent ne devait pas «dépendre éternellement» de cette aide. La BAD qui a créé ses instruments propres (fonds d'urgence et financement des échanges commerciaux) entend être «plus réactive» aux côtés des plus vulnérables face à la crise de liquidités. Dans le même temps, elle a décidé d'être «plus sélective» pour concentrer ses opérations sur l'infrastructure, la bonne gouvernance, le secteur privé et l'enseignement supérieur, selon son président. «Nous avons choisi nos priorités», a-t-il dit. Un document dit «stratégie à moyen terme» (2008-2012) estime que la BAD doit «mieux se positionner» dans un contexte de crise jugé «volatil, incertain et concurrentiel». En 2008, ses engagements se sont élevés à 4,8 milliards de dollars, dont 1,3 milliard pour le secteur privé, a indiqué M. Kaberuka, faisant état d'une augmentation de 15% des décaissements sur trois ans. Le président de la BAD a plaidé «les attentes légitimes» de l'Afrique pour être «associée et représentée» au G20, le groupe des principaux pays industrialisés et émergents au sein duquel l'Afrique du Sud est le seul représentant du continent. Avec l'adhésion de la Turquie et du Luxembourg en 2008, le groupe de la BAD, une des principales institutions multilatérales de développement, compte désormais 78 Etats membres, dont 53 Africains.