Ce n'est pas parce que des forces de police ou autres ont empêché la protestation, mais justement parce que la Direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) a vite fait de réagir, en présentant des excuses officielles à l'ordre des avocats. «Il est vrai que, lundi dernier, nous avons décidé de boycotter aujourd'hui les audiences et de tenir un sit-in de 8h à 10h pour exprimer notre grande colère contre le policier et l'institution qu'il représente. Ce qui s'est passé est très grave. Il ne s'est jamais produit auparavant dans un quelconque palais de justice. C'est un dérapage dangereux, nous ne pouvons l'accepter, nous ne pouvons le tolérer», a affirmé hier, sur un ton ferme, le bâtonnier d'Alger, Abdelmadjid Sellini. Déclaration faite lors d'un point de presse en marge d'une réunion de près de deux heures avec le président de la cour et le parquet, portant sur le même incident. Rejetant les accusations portées à son encontre, lors de son intervention pour prendre le parti de son confrère, Sellini a lancé, non sans cacher sa colère non seulement contre le policier, mais contre une certaine presse qui aurait affirmé que le bâtonnier a donné un coup de poing et des coups de pied au policier : «Il était évident que j'intervienne pour éviter le pire. Ce qui s'était passé est grave. Le policier a malmené notre confrère. Il l'a insulté, proférant des propos que l'on ne peut jamais accepter. Il l'a traîné entre deux étages. Je répète et je dis que ce qui s'est passé est très grave et que nous ne pouvions nous taire devant de tels comportements.» Aussi, «ce n'est pas au policier de dire à un avocat de porter sa toge. La loi n'oblige l'avocat à porter sa toge que lorsqu'il est devant la barre pour plaider ou quand il assiste à une instruction. Pour le reste, rien ne l'oblige à le faire. Le policier a usé de violence contre notre confrère. Il l'a malmené physiquement et verbalement. Et cela s'est produit à l'intérieur même du tribunal. Si nous nous taisons devant cela, nous ferions mieux d'abandonner le métier et faire n'importe quel commerce». Me Sellini qui en a gros sur le cœur se défend d'avoir recours à la force physique pour défendre son confrère : «J'ai gueulé et il fallait bien que je fasse cela, mais en aucun cas, je n'ai utilisé la force physique. Je ne pourrais le faire, surtout pas avec la casquette de bâtonnier.» Par ailleurs, le bâtonnier se félicite que tout soit rentré dans l'ordre grâce au «sens de la responsabilité» de la Dgsn : «La Dgsn a réagi à temps, reconnaissant l'erreur du policier mis en cause et nous présentant des excuses. À notre tour de faire de même en gelant notre décision de boycotter l'audience. C'est la raison aussi pour laquelle nous avons opté pour un rassemblement de seulement dix minutes. Il est juste symbolique pour dire notre indignation.» Insistant davantage sur les mêmes propos, Me Sellini au nom de tous ses confrères, lance avec colère, insistance et fermeté : «Jamais ce grave dérapage ne se reproduira à l'avenir. Nous n'accepterons jamais qu'un avocat soit intimidé. Par ailleurs, nous demandons à tous nos avocats de faire montre de sérieux, de compétence, de fidélité, de sincérité, d'humilité... et autres, mais nous exigeons, en parallèle, le respect total de l'avocat et de la profession d'avocat. Ce qui s'est passé n'honore pas le pays, ne sert pas l'image de l'Algérie. Il ne faut agir de la sorte avec personne. La dignité de chaque citoyen est à préserver.» K. M.