Mohamed Rahmani En matière de gestion des déchets domestiques (900 tonnes/jour) la ville de Annaba est confrontée à de gros problèmes qui, peut-être, trouveront leur solution avec la mise en place imminente d'un nouveau système élaboré conjointement avec la direction de l'environnement, les services de la commune et le partenaire allemand GIZ. Des problèmes qui ont pour origine le développement, l'accroissement rapide de la population, la construction de près de 20 000 logements toutes formules confondues, mais aussi, et surtout, l'incivisme des citoyens qui se débarrassent des ordures ménagères n'importe où, n'importe comment et à des horaires en dehors des rotations programmées pour le ramassage. «Nous avons constaté la détérioration des bacs à ordures due à des actes de vandalisme et de malveillance de la part de certains, la présence de récupérateurs informels qui déversent les déchets pour trier ce qui doit être récupéré tout en laissant en l'état les ordures, ajoutez à cela le non-respect des horaires de dépôt de ces déchets et l'on s'aperçoit que la ville est sale alors que tout a été fait pour que la ville reste propre», nous a déclaré le directeur de l'environnement de la wilaya de Annaba. En effet, en arrivant à Annaba, le visiteur est tout de suite frappé par cet amoncellement d'ordures ménagères qui trainent un peu partout dans les cités populaires et parfois même en plein centre-ville, du côté de la Maison de la culture, du Théâtre ou dans la rue Ibn Khaldoun. Ce qui renvoie une image très désagréable de la ville de Annaba censée être l'un des pôles touristiques les plus en vue du pays. Une situation qui est due essentiellement d'une part à un déficit en moyens humains et matériels et, d'autre part, à l'incompétence des services en charge de la gestion des moyens existants. Dans les 5 secteurs urbains de la ville chef-lieu, balayeurs, chauffeurs de camions à benne- tasseuse, agents, éboueurs, travailleurs au parc communal et autres responsables du service ne sont nullement contrôlés. La plupart se débarrassent de «la corvée» au plus vite quitte à bâcler le travail. Pour preuve, il n'y a qu'à jeter un coup d'œil sur les trottoirs, au bord de la chaussée ou près des bacs à ordures pour constater toute une traînée d'ordures tout le long de la rue. Les balayeurs, quant à eux, font quelques mètres linéaires avant de disparaître et se fondre dans quelque coin à l'abri des regards. Les agents affectés au parc communal pour la maintenance des matériels roulants font juste acte de présence avec parfois quelques réparations qu'ils effectuent, la plupart du temps ils invoquent le manque de pièces détachées alors que la réparation du véhicule en panne ne nécessite pas forcément le remplacement d'une pièce. Si bien que plusieurs véhicules, engins, bennes-tasseuses et autres sont toujours en panne aggravant encore plus la situation puisque les rotations s'en trouvent forcément réduites. Le président de l'APC ne peut pas à lui seul tout contrôler, la délégation confiée à d'autres élus occupés à faire de la politique, ne réagit que par à coups lorsque qu'ils font l'objet d'injonctions ou de contestations parfois violentes de la part des administrés. La wilaya de Annaba dispose actuellement d'un Centre d'enfouissement technique à El Berka Ezzarga (CET), dans la commune d'El Bouni, d'une superficie de 26 hectares et d'une capacité de 400 000 m3 desservant 527 503 habitants. Il comprend quatre casiers dont deux sont déjà saturés, utilisant trois bassins de décantation pour le traitement de lixiviats. Pour les autres communes, des décharges contrôlées sont réalisées à Chétaïbi, Aïn Berda, Berrahal et Seraïdi, d'une superficie totale de près de 14 hectares et équipées chacune de 2 bassins de décantation, pour une population avoisinant les 116 000 habitants, ce qui selon le directeur de l'environnement suffit amplement pour les déchets collectés à travers toutes les localités que compte la wilaya. «Le problème, nous confie-t-il, c'est le nombre de rotations pour la ville de Annaba. Celles réalisées demeurent insuffisantes car le trajet aller-retour vers le CET dure près de 90 minutes, ce qui limite les rotations. La solution est dans la construction d'un centre de transit pour les déchets. Ceux-ci seront déposés dans ce centre qui sera équipé de bennes avec hayon élévateurs de 30 m3 chacune, deux camions porteurs de benne Ampli Roll, deux presse-balles horizontales, un groupe électrogène et un poste électrique. Cela augmentera le nombre de rotations en ville de sorte que tous les déchets domestiques seront enlevés. Le tout sera plus tard transféré vers le CET d'El Berka Ezzarga à El Bouni. La fiche technique du centre de transfert a été transmise au ministère et nous pensons le mettre en service à la fin du premier semestre 2015. De cette façon nous aurons réglé le problème des rotations.» Pour ce qui est du service balayage, une étude a été faite par le partenaire allemand GIZ et des équipements adéquats seront remis aux agents, gants, bacs tractables à roues, corbeilles à fixer aux poteaux etc. Les cinq secteurs urbains seront ainsi plus propres et le travail des balayeurs sera de ce fait facilité et moins fatigant. Reste l'incivisme des citoyens qui doit être pris en charge par la société civile en sensibilisant tout le monde aux problèmes d'hygiène. Les médias sont aussi partie prenante, particulièrement la radio et la télévision qui devront diffuser des spots dans ce sens. M. R.