Il est plus facile de se balader dans les rues de n'importe quelle ville d'Algérie avec un ballon, slalomer entre une multitude de voitures, dribbler des passants que de déambuler dans les mêmes conditions et lieux portant un sabre ou un fleuret. C'est un peu sinon beaucoup plus pour cela que le football, et à un degré moindre le volley-ball, sont plus populaires à travers le monde, en général, et un pays comme le nôtre, en particulier, ne peuvent qu'être et rester de plus en plus populaires comparativement au cricket, au polo, au golf, à l'équitation, à la natation, à l'escrime et il en…reste. C'est vrai que, comme un ballon est vite fabriqué à l'aide de vieux chiffons, de papier, voire par recours à n'importe quel objet non dangereux traînant dans les ruelles, il est tout aussi simple de s'usiner vite fait une épée en bois. Toutefois, le football chez l'Algérien est une deuxième nature, un geste de tous les jours. L'escrime ne restera qu'un hobby activé depuis la veille seulement après avoir suivi sur un écran télé ou visionné un DVD les aventures revues et corrigées d'un indécrottable gascon ou de Jack Sparow, le pirate des Caraïbes. Il n'est donc pas, comme le dit un adage bien de chez nous, aisé de faire remonter à un cours d'eau son sens naturel, l'escrime en tant qu'art d'abord et sport ensuite ne pourra jamais s'installer en Algérie. Ses pionniers, ses adeptes, et tous ceux qui pensent le contraire pourront toujours, pour vulgariser une telle discipline, continuer à tirer des plans sur la comète et accepter de prendre des vessies pour des lanternes. Pour qu'un sport mineur émerge, il semble essentiel sinon relever de la logique qu'il soit un élément intrinsèque de la nature humaine des individus qui le pratiqueraient. D'où l'universalité formidable de certaines disciplines et non d'autres. Comme le tennis ou le golf, l'aviron et le badminton n'arrivent pas à sortir du lot, l'escrime ne risque pas de l'être au moins pour une raison, la discipline restera, même si d'aucuns argueront que ce ne sont que des clichés, un art élitiste d'une part et un sport qui exige beaucoup et un sérieux investissement pour l'acquisition des équipements d'autre part. Car, il est trop facile de laisser croire à la vulgarisation d'une discipline, quand l'équipement manque ou est inaccessible financièrement. Ensuite, il se trouve que faire sienne la devise de Coubertin : «L'essentiel est de participer», relève de la ringardise. Il est bien beau, effectivement, d'être présent et de participer à une compétition internationale «pour le principe» mais il est également navrant, voire humiliant, de se faire ridiculiser d'autant plus que par leur nature même les Algériens n'acceptent pas la déconfiture, comme peuvent en témoigner les procès incessants qui sont faits aux responsables de faillite du football, volley-ball, handball, boxe, natation. Des disciplines où, pourtant, l'intérêt accordé par les pouvoirs publics est des plus accrus, mais mieux encore où les sportifs concernés ont de véritables prédispositions.Alors, parler d'escrime c'est autant parler du…lancer de nain. A. L.