Rares sont les fédérations qui ont opéré le renouvellement de leur bureau exécutif dans la sérénité. Contestation et accusation sont les maîtres mots de cette période électorale. Il demeure néanmoins établi qu'au niveau de certaines fédérations, les protestations ont engendré un climat si délétère qu'il y avait bel et bien un réel risque de dérapage. La Fédération algérienne d'escrime s'est retrouvée dans une situation de troubles, caractérisée par une lutte acharnée pour le poste de président. La bataille entre deux équipes a débordé au niveau de la tutelle. Les communiqués et déclarations par presse interposée ne permettent pas plus pour comprendre l'étendue de la bataille. Une telle atmosphère a empêché toute lecture juste des événements. La tenue de l'AG élective de la FAE n'a pas été suivie que de messages de félicitations. La forme dans laquelle s'était tenu le rendez-vous a été contestée et remise en cause par l'équipe sortante. Au lendemain de cette élection, la présidente sortante de la fédération n'a pas hésité à mettre au-devant de la scène ce qu'elle qualifie d'irrégularités. «La Fédération algérienne d'escrime apprend avec stupéfaction et indignation que l'administration du ministère de la Jeunesse et des Sports a convoqué une prétendue assemblée générale élective de la fédération le vendredi 30/01/2009. La FAE tient à informer les autorités concernées et l'opinion publique que l'assemblée générale élective a été fixée statutairement au vendredi 16/01/2009 par le bureau fédéral, conformément à la décision prise par l'assemblée générale ordinaire en date du 06/01/2009. Selon nos informations, cette prétendue assemblée élective qui a plus l'air d'un conclave, s'est tenue avec plus de 55% d'experts désignés par le MJS sans toutefois atteindre le quorum», écrit-elle dans un communiqué. Et d'ajouter que «de nombreuse irrégularités flagrantes ont été e relevées, dont la convocation par voie non réglementaire [téléphone] et regrettons vivement que les garants du respect de la réglementation soient amenés à l'intimidation de membres de l'AG fonctionnaires du secteur de la jeunesse et des sports». Le propos ici n'est pas d'appuyer une position au détriment d'une autre. Mais il est plutôt question de rappeler aux uns et aux autres qu'organiser des élections dans un climat de guerre piétine l'esprit du sport et compromet aussi bien le bon déroulement des compétitions nationales que les résultats des athlètes appelés à représenter les couleurs nationales.La force d'une discipline est naturellement tirée du climat de confiance qui caractérise les rapports entre ses différents membres. La famille de l'escrime est malheureusement en train de s'entredéchirer alors qu'elle possède le potentiel nécessaire pour l'épanouissement de la discipline, notamment au niveau continental où la sélection nationale a beaucoup de défis à relever. Les membres de la famille de l'escrime algérienne n'ignorent pas que les performances techniques sont tributaires d'une gestion sereine et transparente. Alors que l'objectif devait être celui de réunification des rangs autour de la discipline, voilà que cette dernière perd sa stabilité. Pour laisser place à la méfiance et aux soupçons. Le déroulement de l'assemblée générale élective de l'escrime est incontestablement révélateur du degré d'immaturité de la majorité de l'administration fédérale. Ce n'est guère l'apanage d'une quelconque discipline au détriment d'une autre. La tendance est à la généralisation. Les signes d'un changement dans le sens positif tardent à émerger. C'est plutôt désespérant quand les pouvoirs publics peinent à imposer le respect des règles du jeu. C'est décidément le cas dans les différentes fédérations où l'enjeu exige l'intervention de la tutelle. L'arbitrage de la tutelle prend les contours d'une nécessité quand il y a justement risque de confrontation. Aujourd'hui que l'escrime nationale est porteuse de grandes ambitions, nul n'a le droit de détourner la bonne marche de ce sport. Il y a au contraire un devoir de consolider ses acquis en privilégiant la concertation et le débat technique au lieu de s'attarder sur des considérations qui ne feront que déstabiliser les acteurs. C'est dire si les athlètes vont inéluctablement subir les divergences et les différends entre les parties en conflit. Et à ce niveau, les pouvoirs publics ont un grand rôle à jouer. Celui de rappeler à chacun ce que lui permet la loi régissant le sport. Mais avant que les pouvoirs publics ne soient appelés à intervenir pour rappeler tout le monde à l'ordre, il est attendu à ce que les postulants aux postes supérieurs de la hiérarchie se montrent responsables et respectueux des règles du jeu. C'est une condition sine qua none pour la pacification des rapports entre les membres de FAE. Sinon, la discipline risque de consommer toute la bonne marche qu'elle a réussie jusque-là. C'est une priorité que d'aller vers un climat sain au sein de la fédération pour faciliter la tâche aux athlètes dès lors que l'escrime a prouvé de quoi elle est capable. A.Y.