L'Opep, dont les membres ne cessent de subir la faiblesse des prix, est appelée à trouver des solutions dans le court terme afin de stabiliser le marché et de trouver le prix d'équilibre qui arrangerait producteurs et consommateurs. La réunion informelle d'Alger sera, dans ce cadre, une opportunité inouïe afin de rapprocher les positions en prévision d'une décision de gel de la production. Le marché pétrolier évolue, depuis juin 2014, en dents de scie. La chute des prix du brut, entamée depuis deux ans, n'a cessé de s'accentuer face à l'inertie qui caractérise l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Cette situation qui a mis de nombreux pays producteurs et exportateurs dans des situations économiques difficiles persiste encore en dépit des innombrables tentatives de certains pays membres de l'Opep d'inverser la tendance. C'était le cas notamment de la décision de l'Arabie saoudite et de la Russie de geler la production à son niveau de janvier 2016. Cette démarche qui a commencé à donner des résultats n'a, cependant, pas été suivie d'actions concrètes de la part des autres membres exportateurs, qui tentaient de protéger leurs intérêts et maintenir leurs parts de marché intacts. L'Iran qui a repris l'exportation de son pétrole juste après la fin de l'embargo économique était, en fait, réticent à un gel de production d'autant plus que son niveau de production n'avait pas encore atteint le seuil d'avant l'embargo. D'autres enjeux géopolitiques ont également pesé sur sa position face à la volonté des pays exportateurs de réguler l'offre. La réunion de Doha qui devait confirmer le gel de la production des pays membres aux côtés de la Russie n'a pas abouti. Lors de la réunion de Vienne en juin dernier les désaccords se sont confirmés entre les membres de l'organisation laissant le marché évoluer sans direction précise. Les pays exportateurs devaient plafonner, a Vienne, la production de l'Opep à environ 32 millions de barils sur une offre quotidienne mondiale de l'ordre de 94 millions de barils par jour contre une demande mondiale ne dépassant pas les 92,5 millions. Le surplus de 1,5 millions de barils serait donc la cause de cette faiblesse des prix. Mais, pour les experts les facteurs qui influent sur les prix sont multiples et touchent particulièrement à la situation de l'économie mondiale dont la croissance ne cesse de prendre des coups. Les pays émergents seraient en fait les plus concernés par ce ralentissement de l'activité économique impact la demande mondiale du pétrole. Du côté du Vieux continent aussi la décision de la Grande Bretagne de quitter l'Union européenne a été un facteur aggravant de la situation. Les ministres des Finances et gouverneurs des Banques centrales du G20, réunis le mois dernier en Chine, ont jugé que le Brexit «renforce les incertitudes» pour l'économie mondiale. Il s'ajoute aux menaces risquant de faire dérailler l'économie planétaire. Le Fonds monétaire international (FMI) a lui également revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l'économie mondiale. Ces tendances confirment que les prix des hydrocarbures seraient encore attentifs aux chiffres des instituions multilatérales durant les prochains mois. L'Opep, dont les membres ne cessent de subir la faiblesse des prix, est appelé à trouver des solutions dans le court terme afin de stabiliser le marché et de trouver le prix d'équilibre qui arrangerait producteurs et consommateurs. La réunion informelle d'Alger sera, dans ce cadre, une opportunité inouïe afin de rapprocher les positions en prévision d'une décision de gel de la production. Cette réunion, annoncée officiellement par l'organisation, pourrait servir aussi d'un signal aux marchés à quelques semaines de la période hivernale. Les producteurs devraient, dans ce sens, confirmer leur volonté de mettre un terme à la déprime du marché d'autant plus que les différents rapports ne cessent de fournir des chiffres pessimistes pour la demande mondiale. C'était le cas notamment de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui avait prévu un ralentissement de la croissance de la demande mondiale de pétrole en 2017. La consommation de pétrole continuera à croître dans le monde l'an prochain, mais à un rythme un peu moins soutenu qu'anticipé précédemment, avait indiqué l'AIE dans son rapport mensuel sur le pétrole. L'Opep a également mis à l'index l'excès de l'offre soulignant que la production de ses membres a atteint un nouveau plus haut. Ainsi, selon le rapport l'Arabie saoudite a augmenté sa production de pétrole à un niveau record en juillet dernier. Ce qui confirme que les grands producteurs continuent de privilégier leur part de marché plutôt que l'ajustement de leur production, selon l'Opep. La semaine dernière, le ministre saoudien du Pétrole avait laissé entendre que la réunion d'Alger pourrait déboucher sur une initiative tendant à stabiliser le marché. «La situation du marché pétrolier, y compris toute initiative qui pourrait être nécessaire pour le stabiliser, sera discutée le mois prochain lors d'une conférence qui réunira à Alger les pays producteurs membres et non membres de l'Opep», a déclaré jeudi le ministre saoudien du Pétrole. Le ministre avait affirmé en outre que l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, surveille étroitement l'évolution du marché et œuvrera avec d'autres producteurs, membres ou non de l'Opep, pour contribuer à le rééquilibrer si nécessaire. Quant à la hausse de la production de juillet, il a expliqué qu'il s'agissait d'une augmentation saisonnière de la demande pendant les mois d'été. La volonté de l'Arabie saoudite de stabiliser le marché reste cependant insuffisante en l'absence d'un accord avec les gros producteurs afin de mener à bien toute initiative. S. B.