Photo : Riad Alger «la blanche», avec ses magnifiques sites, ne l'est plus. Elle est devenue noire. Noire de monde, noire de saleté. Car la capitale est surpeuplée. Les gens sont partout : dans les boutiques, les cafés, les salons de thé, les trottoirs, au travail, à la maison… Alors, dans Alger tout est occupé : studios, caves, loggias, trottoirs, entrées d'immeubles et terrasses. La crise du logement a fait que sur et sous la ville se sont érigées de nouvelles villes. A Alger, une multitude de facettes s'offre à celui qui se risque dans ses rues. L'évolution urbaine et sociale de la capitale, jadis chantée, magnifiée ou même dessinée, est des plus catastrophiques. De la Casbah, classée patrimoine mondial, il ne reste que des souvenirs. Les remparts qui la protégeaient, ainsi que le haut et le bas de la cité, sont aujourd'hui disparus. Ce quartier historique qui ne cessait d'émerveiller et de surprendre est, aujourd'hui, entouré de constructions hétéroclites. L'ampleur de la catastrophe urbanistique du quartier de Bab El Oued a été, pour sa part, largement perçue lors des inondations du 10 novembre 2001. A Didouche Mourad ou encore à la rue Larbi Ben M'hidi, les espaces de convivialité se sont désintégrés : la crise du logement a fait que les buanderies des terrasses, les caves d'immeubles sont aujourd'hui de nouvelles demeures occupées par des familles. Que s'est-il réellement passé, donc, à Alger ? Cette situation, qui interpelle les consciences, met chacun en face de ses responsabilités. Alger n'a pas été gérée comme il se doit. Sa gestion a été laissée, de manière consciente ou inconsciente, au gré des intérêts et des groupes de pression qui, au lieu de la servir, se sont plutôt servis d'elle pour se constituer des rentes considérables. L'Algérois décide, alors, de bricoler sa vie. De vivre hors la loi. Il décide de viabiliser tout espace pour l'occuper. Cette situation inextricable à laquelle est arrivée la capitale et les multiples maux sociaux qu'elle génère sont le fait de la corruption, du laxisme et du clientélisme qui ont régenté les actions des services publics ayant eu la charge de promouvoir la capitale. Une promotion qui n'a eu comme résultat que l'envahissement d'Alger par le béton à une époque où les élus du peuple délivraient selon leur bon gré des titres administratifs d'affectation de terrain et des autorisations de construire en violation de la législation et de la réglementation en vigueur. Alors, au visiteur de constater, aujourd'hui, la construction de ces nouvelles villas qui sont de véritables bunkers, des forteresses, des grosses bâtisses de deux, voire quatre étages. Barreaux aux fenêtres et portes blindées. Cauchemardesques !