Les tsars sont de retour. L'ours russe, qui peut surprendre la Suède, mercredi, et se qualifier pour les quarts de finale, prend toutefois date et donne rendez-vous à la planète foot… en 2010. Jeune mais ambitieuse, la Russie du magicien néerlandais Guus Hiddink, faiseur de miracles avec les sélections et les clubs qu'il dirige, est formatée pour le long cours. Et si l'Euro 2008 était pour elle une étape majeure avant le Mondial en Afrique du Sud ? Naïfs mais créatifs face à l'Espagne, les Russes ont été rapides, rigoureux, méthodiques, disciplinés et réalistes face aux Grecs. La créativité, la vitesse, la méthode et la discipline sont justement la marque de fabrique de l'éternelle Russie. Elle est riche d'un impressionnant réservoir de joueurs évoluant dans son championnat puisque seul l'élégant ailier de Nuremberg Ivan Saenko s'est expatrié. A la tête de la sélection depuis 2007, Hiddink, qui a prolongé son contrat jusqu'en 2010, entend faire effectuer à son équipe un bond en avant. Saut qualitatif qui transforme un potentiel prometteur en système à produire des résultats. Le technicien batave en à l'habitude. Avec le PSV Eindhoven et surtout avec la Corée du Sud, demi-finaliste de la Coupe du monde 2002, et avec la besogneuse Australie, huitième de finaliste, pour la première fois de son histoire, lors du Mondial allemand, en 2006. 25ème au classement FIFA, le football russe a évolué au rythme de son championnat : la révélation de ses clubs au plus haut niveau européen, notamment le CSKA Moscou et le Zenit Saint-Pétersbourg, vainqueur en 2008 de la coupe UEFA, est concomitante avec la progression d'une sélection en quête de références au niveau mondial. La sélection russe est assurément une formation complice où se transmuent les individualités. L'eurythmie collective est basée sur une transmission de balle fluide, les joueurs conservant le ballon juste le temps nécessaire. Le dispositif tactique fait de courses en avant, de dédoublements, de décalages, de permutations, d'appels, de renversements, de transmissions et de couvertures, s'organise autour du leader technique Andrei Arshvin, absent face à l'Espagne et la Grèce. Lauréat de la coupe UEFA avec le Zenit, ce métronome a une belle vitesse de course et un faible centre de gravité, alliage favorisant la technique et l'efficacité. Outre le toucher de balle de velours d'Arshvin, qui ferait sa rentrée contre la Suède, la Russie dispose aussi de Kerzakhov, le «concrétisateur» au sens du but aiguisé. Les deux ont joué au Zenit qui s'était hissé avec eux jusqu'en quart de finale de la Coupe UEFA, en 2006. Faiblesses de la Russie ? Irrégularité, improductivité offensive et dépendance intermittente à la forme de son joyau Arshvin. Mais le temps et l'élixir du «sorcier» Hiddink pourraient y remédier. N. K.