La sélection russe est au zénith et son sélectionneur néerlandais Guus Hiddink est le nouveau tsar de Russie. Jouant à «la hollandaise», ses jeunes joueurs ont administré à des «Oranjes» bien pâles mais suffisants à souhait une leçon de football total fait de vitesse et de technique en mouvement. Maître Hiddink a administré une magistrale leçon de tactique à un Marco Van Basten arrogant et de courte vue. Le coach «aventurier», comme il se définit lui-même, a donc qualifié la Russie pour les demi-finales de l'Euro, pour la première fois depuis l'éclatement de l'Union soviétique. Dans la foulée du Zénit Saint-Pétersbourg, vainqueur de la Coupe de l'UEFA en 2008, et de son joyau Andrei Arshavin, la Russie redécouvre l'ambition. L'Europe du football est donc avertie. Naïfs et tendres d'entrée de jeu face à l'Espagne, les doux chérubins d'Hiddink sont montés en régime en termes de discipline défensive, d'occupation des espaces et de déplacements replacements. Face à des «Oranjes» bien mécaniques, l'armée rouge, de blanc vêtue, est montée à l'assaut des buts du géant Van Der Saar par vagues successives et ordonnées. Face à des robots bioniques néerlandais, les jeunes Russes ont osé, attaqué, frappé. Ils furent alors supérieurs, techniquement, tactiquement, physiquement. La différence fut de taille mais n'avait pas trait à la toise des joueurs. Konstantin Zyryanov (1m76), Andrei Arshavin (1m72) et Igor Semshev (1m70) ont fait merveille devant les tours de contrôle néerlandaises, notamment face au géant Orlando Engelaar (1m98). Et de l'avis même du sélectionneur Marco Van Basten, Arshavin et Pavlyuchenko, tous deux buteurs, ont été «fantastiques». En défense, Kolodin, tout feu tout flamme, fut, lui, impressionnant de sûreté. Dans leur sillage, l'équipe russe fut éblouissante. Coach Hiddink a formaté une équipe supersonique pour un football total, fait de passes courtes et de déplacements inspirés et coordonnés. C'est d'autant plus impressionnant que ses joueurs «jeunes et inexpérimentés» sont «en progrès». La fraîcheur physique, intacte dans les dernières minutes du match contre des Néerlandais cramés, laisse augurer une progression en courbe ascendante lors des demi-finales. A ce sujet, on peut faire confiance à un Guus Hiddink habitué à transcender les joueurs qu'il dirige. Cet entraîneur au long cours l'a déjà prouvé au PSV Eindhoven, au FC Valence, au Real Madrid, au Bétis Séville, à Fenerbahce et à la tête des sélections des Pays-Bas, de la Corée du Sud et de l'Australie. Ce technicien atypique et hors pair pourrait être le coup gagnant de Roman Abramovitch. Le milliardaire russe, grand argentier de la Fédération russe de football, a financé le contrat de recrutement du technicien néerlandais, rémunéré à hauteur de 2,4 millions de dollars. S'il n'est pas encore assuré de gagner l'Euro 2008 avec lui, le patron de Chelsea est déjà sûr qu'il a fait bonne pioche. N. K.