Synthèse de Smaïl Boughazi La Banque africaine de développement (BAD) devrait bénéficier de l'opération d'affectation par le G20 du volume de financement additionnel global de 850 milliards de dollars en soutien à la croissance des marchés émergents et des pays en développement. Ces ressources supplémentaires, selon un responsable de la banque, rapporté par l'APS, devraient être canalisées à travers le Fonds monétaire international (FMI) et les banques multilatérales, à l'effet de soutenir la croissance des marchés émergents et des pays en développement par le financement des dépenses anticycliques, la recapitalisation des banques, l'infrastructure, le financement du commerce, la balance des paiements, le renouvellement de dettes et la sécurité sociale. Au même titre que les banques multilatérales de développement, la BAD a été mandatée par le G20 pour jouer un rôle de premier plan, avec plus de moyens financiers, pour aider les pays à faire face à la crise, a souligné la même source. La banque, qui a déjà annoncé une première enveloppe de 2,5 milliards de dollars pour soutenir les pays africains face à la crise, a concocté tout un plan s'articulant autour de 4 axes principaux, estime le même responsable. Ces axes portent sur une facilité de liquidités d'urgence, une initiative de financement du commerce, un plan d'action pour l'accélération du transfert des ressources aux pays éligibles au Fonds africain de développement (FAD, relevant du groupe de la BAD), et le renforcement du rôle de conseil en matière de politique économique. Cette institution multilatérale a annoncé aussi son intention de doubler ses financements aux pays africains pour les faire passer de 5 à 11 milliards de dollars par année. Il faut dire que la crise, qui a affecté au départ les pays industrialisés, pourrait à long terme aggraver la situation déjà désastreuse sur le continent noir. Des experts financiers ont tenté ainsi de faire toute la lumière sur ce risque. Lors d'un atelier de travail initié par la BAD, ces derniers avaient suggéré, face à la crise financière, de consolider les fondements de croissance sur le continent et d'y promouvoir l'intégration régionale. Aux côtés des décideurs, ces experts ont formulé le besoin des économies africaines, de plus en plus intégrées à l'économie mondiale, de se prémunir contre les retombées de la crise notamment par une dynamique de l'industrie, le rééquilibrage entre les sources de croissance et les ressources financières, l'encouragement de l'investissement et l'action sur l'effet de contagion entre économies en influant sur les taux de change.Ils alertent également sur «de véritables craintes» de voir l'impact de la crise financière internationale «durer plus longtemps qu'initialement prévu» et appellent à réagir de «manière coordonnée et durable» pour empêcher qu'elle ne remette gravement en question les tendances positives de croissance des dernières années. S'agissant des projections, ces économistes tablent déjà sur une chute de la croissance d'une moyenne de 5,8%, durant les cinq dernières années, à 2,8% en 2009, entraînant dans son sillage une stagnation du revenu réel par habitant, un déclin dans les réserves en devises, une pression sur les budgets gouvernementaux, une contraction des capacités de production, un recul des exportations, une baisse des flux des capitaux, une perte d'emplois et une aggravation de la pauvreté.