De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Les clubs de l'élite ne perdent pas leur temps. La saison 2007-2008 à peine bouclée, les voilà qui se mettent déjà à «étoffer» leurs effectifs en prévision de l'exercice prochain. Les recrutements vont bon train. La bataille des gros sous a déjà commencé. Comme toujours, on lorgne surtout du côté des formations qui ont rétrogradé en division inférieure. Car, à défaut d'une véritable politique de formation, ce sont généralement les mêmes têtes qui occupent chaque année le haut de l'affiche. Des clubs comme la JSK, l'ESS, l'USM Annaba, la JSMB, l'USM Alger multiplient les annonces. L'éventail de choix étant très limité, la chasse à la perle rare s'annonce même serrée. Joueurs et entraîneurs libérés ou ceux dont les contrats arrivent à terme sont sollicités de toutes parts. Les enchères montent dans une confusion absolue. A défaut de disposer d'«imprésarios», athlètes et techniciens temporisent et manœuvrent comme ils peuvent. Ils amassent un maximum d'offres, puis consultent la famille et les proches avant de se déterminer. Le père, la mère, la tante et les potes ont naturellement leur mot à dire pour encourager ou déconseiller un transfert. Tout ce beau monde veut évidemment toucher le gros lot. Dans le temps, les joueurs sollicitaient l'aide des présidents de leurs clubs pour bien négocier leurs nouveaux contrats. Les dirigeants qui libèrent le sportif l'accompagne aussi pour garantir ses intérêts auprès de son nouvel employeur. Mais certains patrons en ont profité pour se sucrer personnellement sur le dos de leurs protégés. Soupçonnant justement l'arnaque, de nombreux athlètes commencent, alors, à choisir eux-mêmes leurs «avocats» parmi les gens qui gravitent dans le milieu. Anciens joueurs, coachs en stand-by et d'«honorables» retraités monnayaient ainsi leurs services d'intermédiaires et de négociateurs. Ils recevaient, d'un côté, les commandes des recruteurs, et consentaient, de l'autre, à prêter main-forte aux footballeurs en négociation contre des commissions souvent alléchantes. C'est ainsi que le métier d'agent s'est imposé par le besoin, sans même qu'on ait eu le temps de penser à le réglementer. Des pratiques se sont instaurées. Des équipes ont pris l'habitude de rémunérer des agents. Des footballeurs font aussi appel à leurs services. C'est, en quelque sorte, la seule solution viable à l'anarchie et à la surenchère qui caractérisent partout ce juteux marché du football professionnel. Cependant, cette pratique, établie partout ailleurs, a du mal à se faire une place en Algérie. Combien d'agents en exercice dans notre pays ? Ils se comptent probablement sur les doigts d'une seule main. Nos joueurs et nos entraîneurs changent constamment de couleurs en passant par de sordides marchandages qui impliquent la famille, les amis et les proches. Cet épineux problème de stabilité a énormément contribué dans la crise qui cloue le football national. Ni vraiment professionnels ni carrément amateurs, nos clubs, eux-mêmes, évoluent dans une marge à la limite de l'informel. Ils signent de gros contrats sans rien devoir au fisc. Ils brassent de gros sous, grâce aux contrats de publicité et de sponsoring, et réclament en même temps des subventions publiques. L'Etat et les instances dirigeantes du sport sont quasiment absents sur ce registre. Aucune loi, aucun garde-fou législatif ne sont mis en place pour prévenir les dérapages que l'on connaît. Se disputant la titularisation d'un même joueur, les présidents de club se lancent souvent des quolibets par presse interposée. Des défis sont constamment lancés à qui payera le plus pour s'adjuger les services d'une «fausse star». Des sacs d'argent cash sont brandis, çà et là, sans que l'on s'interroge sur leur origine. Décidemment, il y a beaucoup à faire pour instaurer la discipline dans ce milieu de toutes les convoitises. C'est une fois l'ordre établi qu'on pourrait songer à promouvoir le métier d'agent sportif. Un championnat professionnel, ça ne s'improvise pas. L'Algérie a compris à ses dépens cette réalité.