La fête a mis du temps à s'installer dans la rue mais une fois fait, rien ne pouvait étouffer le besoin de joie des Algérois. Installés tout au long du boulevard Zirout Youcef, ils ont commencé par contempler la parade populaire du 2ème Festival culturel panafricain d'Alger avec réserve avant de se laisser porter par les rythmes des artistes et des troupes. Du parc Sofia (place de la Grande Poste) d'où a débuté la parade jusqu'au stade Ferhani de Bab El Oued, les Algérois ont vu défiler les couleurs de l'Afrique sous différents rythmes et sonorités. Tous s'accordent à dire qu'on est loin de l'euphorie du Panaf de 69, qui a réussi à faire vibrer toute la capitale, mais l'enthousiasme et la fête étaient tout de même perceptibles sur les visages des personnes présentes. 17h passées, sous une chaleur encore pesante, la Garde républicaine ouvre le bal. Les troupes sont en places, la parade peut enfin commencer. 53 chars décorés aux couleurs et aux formes des 53 pays africains participants attendent de se dévoiler. Des dizaines de troupes folkloriques venues des quatre coins du pays : Touareg, cavalerie de Tiaret, karkabou d'El Oued, Baroud de Ghardaïa, pour ne citer que ceux là… s'alternant aux troupes des pays africains invités de la capitale, et que le public s'est plu à écouter et dévisager mais aussi à applaudir avec entrain. Chaque véhicule décoré représentait un pays avec ses symboles et ses couleurs. Le char de l'Algérie, premier à entrer en scène, était drapé de plusieurs symboles, les montagnes du Hoggar, le minaret de Ghardaïa, les coupoles d'El Oued, le mausolée royal de Maurétanie, surnommé tombeau de la chrétienne et plusieurs bijoux kabyles et berbères. Les autres chars étaient tous ornés des emblèmes des pays qu'ils représentent. Autant de couleurs et de formes pour rendre compte d'une culture africaine éclectique et irisée. Les maquettes de ces chars, réalisées par une soixantaine d'artistes algériens (sculpteurs, dessinateurs et diplômés des différentes écoles des Beaux Arts) et 20 autres étrangers, ont captivé les regards curieux des Algérois, qui, faut-il le souligner, ne sont pas habitués à ce genre de spectacles. La ferveur des Africains, l'engouement des troupes algériennes, le charme des cavaleries et de la fantasia ont su offrir une petite bouffée d'oxygène au public présent mais aussi aux officiels installés dans une tribune spéciale, installée entre l'APN et le siège de la wilaya. Regroupés autour de la ministre de la Culture (plusieurs membres du gouvernement, le wali d'Alger et les ministres africains de la Culture), ils ont exprimé beaucoup moins d'enthousiasme que le public mais ont savouré le spectacle mieux que quiconque étant donné que chaque troupe faisait une halte de plusieurs minutes à leur niveau pour exécuter chorégraphie et musique… un spectacle qui durera des heures sans les épuiser… Pendant ce temps-là, les familles qui se sont déplacées pour ne pas rater le spectacle n'ont cessé de se laisser emporter par l'euphorie, chaque heure un peu plus… Ainsi, avec cette parade populaire, le 2ème Festival culturel panafricain, qui se tient du 5 au 20 juillet à Alger sous le thème «L'Afrique du renouveau et de la renaissance», n'aura pas attendu la cérémonie officielle, hier en soirée à la coupole du complexe sportif Mohamed-Boudiaf, pour commencer à faire plaisir aux Algérois… F. B.