Synthèse de Salah Benreguia à l'heure où le prix de l'or noir enregistre des records en série, chiffré lundi dernier à 144 dollars, la problématique de l'offre et de la demande du pétrole refait surface. Hier, dans son rapport de perspectives à moyen terme présenté au 19ème Congrès mondial du pétrole, organisé cette semaine à Madrid, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), bras énergétique des pays de l'OCDE, a mis en garde, pour l'après-2010, contre une éventuelle décélération «considérable» de l'accroissement de l'offre de pétrole, au moment où la croissance économique et, par ricochet, la demande de pétrole devraient repartir. «Cette baisse surviendra juste quand la prévision de croissance devrait relever la tête», a indiqué l'AIE. Ce scénario, tel que présagé par cette agence, c'est-à-dire une augmentation de la croissance mondiale pour cette énergie, au moment où l'offre se raréfiera, ne fera qu'augmenter davantage les prix de cette matière. «A compter de 2010, le taux d'expansion annuel va chuter considérablement de 1,5 à 2,5 millions de baril par jour jusqu'ici, à moins de 1 million de baril par jour», a-t-elle estimé. En d'autres termes, la capacité de production excédentaire de l'OPEP (la réserve de production mobilisable immédiatement pour pallier une crise majeure, NDRL) va être réduite «à des niveaux minimums en 2013». Sur un échéancier de 5 ans (2008-2013), l'AIE a cependant révisé à la baisse ses prévisions de demande ainsi que celle ayant trait à l'offre hors-OPEP, et ce, par rapport aux perspectives à moyen terme publiées l'an dernier, soit respectivement de l'ordre de 3,43 et 1,25 mbj millions de barils. En effet, ledit rapport, a fait savoir que la demande devrait progresser au rythme de 1,6% en moyenne, passant de 86,9 millions de barils par jour (mbj) en 2008 à 94,1 mbj en 2013. «La croissance de la demande restera concentrée dans les économies émergentes, 90% d'entre elles émanant d'Asie, d'Amérique du Sud et du Moyen- Orient», estime-t-elle, avant d'indiquer que l'offre hors-OPEP devrait «progresser de 55,05 mbj en 2008 à 58,29 mbj en 2013». Pour ce qui est de l'offre de l'OPEP, elle devrait passer, selon l'AIE de 35,34 mbj en 2008 à 37,87 mbj en 2013. Affirmant que la hausse de production de l'OPEP sera principalement fournie par le premier producteur, en l'occurrence l'Arabie saoudite, suivie par l'Irak, le Nigeria, et les Emirats arabes unis, l'AIE a estimé que la spéculation ne doit pas être désignée comme le «bouc émissaire» de l'envolée des prix du pétrole, qui est due au resserrement de l'écart entre l'offre et la demande et à des craintes de pénurie future. «Accuser la spéculation est une solution de facilité. Souvent, ce peut être un expédient politique de trouver un bouc émissaire pour des prix en hausse, plutôt que d'entreprendre une analyse sérieuse ou de devoir peut-être se retrouver confronté à des choix difficiles», souligne-t-elle, avant de reconnaître que la hausse des prix est «le résultat d'interactions complexes entre de nombreux facteurs». «Le premier facteur derrière l'actuelle envolée des prix est une forte croissance de la demande dans des pays fortement peuplés, avec en face une croissance limitée de l'offre au cours des dernières années», estime-t-elle plus loin.