Alejandro Valverde, tranchant comme une lame, a joué samedi dernier sur ses qualités d'explosivité, un élément de sa panoplie de coureur véritablement complet, pour aller chercher à Plumelec le premier maillot jaune de sa carrière sur le Tour de France. «Alejandro, c'est un coureur incisif, explosif et puissant», résume le manager de l'équipe Caisse d'épargne Francis Lafargue, ancien mentor des Espagnols Miguel Indurain et Pedro Delgado, le vainqueur du Tour en 1988, que l'enfant de Las L'ambreras admirait tant quand il débuta le vélo à neuf ans. «Il court avec panache, poursuit-il. De toute façon, pour gagner une étape du Tour de France en haut de la côte de Plumelec, il en faut, du panache !» L'Espagnol, maintenant âgé de 28 ans, a mis sa marque sur le Tour de France comme il avait posé son empreinte sur le récent Dauphiné Libéré en s'imposant à Privas (Ardèche) dans la 1re étape, dans un sprint en montée. Ce jour-là, l'Espagnol n'avait pas pris le maillot de leader mais avait fini en jaune six jours plus tard à Grenoble. «Dans la bosse finale, il a agi comme il fallait faire et comme il sait le faire, ajoute Lafargue. Il s'est laissé emmener [par Ivan Gutierrez] et il a giclé. Du beau travail.» Sens du placement, jambes de feu et instinct de tueur. Le brillant Murcian a mis de côté son petit dictionnaire des grands Tours qui exige de gérer ses efforts en début d'épreuve et de marquer ses adversaires, pour se replonger dans le lexique des classiques, là où une course se joue en quelques secondes. Dans une côte qui «ressemblait un peu au final de l'Amstel Gold Race» (dixit le directeur sportif d'AG2R Vincent Lavenu), le double vainqueur de Liège-Bastogne-Liège (2006, 2008) a prouvé, s'il le fallait encore, qu'il était bien le meilleur dans un final «à l'ardennaise». Au-delà des adjectifs louangeurs, un autre mot revient toutefois souvent aux oreilles de Valverde : Puerto. L'affaire de dopage sanguin mise au jour en Espagne dans laquelle il a été soupçonné (à l'étranger) mais non poursuivi (dans son pays), l'Espagnol au débit mitraillette oppose aujourd'hui un simple «no comment» aux relances sur le sujet. Une ombre qui avait manqué lui faire rater le Mondial à Stuttgart l'an dernier. «Cela m'a aussi aidé à devenir plus fort dans ma tête», expliquait-il toutefois récemment. Hormis son goût pour les belles voitures, on ne connaît finalement qu'une vraie faiblesse à «El Imbatido» (l'invincible), surnom forgé dans les courses de jeunes qu'il écrasait de sa supériorité. Le contre-la-montre. «Ce n'est toujours pas mon fort», concède-t-il simplement. On ne peut pas tout avoir.