C'est à travers son documentaire Via, via, circulez que la réalisatrice franco-italienne Dorine Brun a plongé les spectateurs dans l'ambiance et la vie quotidienne des gardiens de parking à Palerme. Une vie de débrouille représentée par divers personnages atypiques qui usent de plusieurs combines pour survivre. Une œuvre réalisée avec beaucoup d'attention pour les détails et avec beaucoup d'écoute. En effet, Dorine a donné libre expression à ses témoins. Ne rechignant pas sur la vérité, ils expliquent clairement le problème du chômage qui règne en Sicile, un fléau engendré par le racket de la mafia qui exige de tous, travailleurs entrepreneurs et fonctionnaires, de payer le pizzo (une taxe), fléau bien ancré dans la société et nul ne pouvant y échapper, pas même ces gardiens de parking qui travaillent dans une illégalité «tolérée». Ils doivent payer le pizzo pour avoir un bout de place où parquer les voitures. Parmi ces gardiens, on retrouve le duo attachant formé par le chétif Pasqual et le grand et bedonnant Mimmo. Les deux compères gardent les voitures des autres et passent leur temps à se chamailler et s'insulter gentiment. Et quand ils ne se bouffent pas le nez, ils ont une tête de turc qu'ils se payent avec de francs éclats de rire. Les gens du quartier les considèrent comme des fainéants mais ils les aiment bien. Le deuxième «parkingueur» est le vieux Enzo avec sa longue chevelure blanche et sa moustache. Il passe chaque matin au kiosque du coin pour s'alimenter en tickets de parking qu'il achète à 1 euro et qu'il revend à 1,5 euro. Evidement, il récupère les tickets qu'il essayera de revendre autant de fois qu'il pourra. Il règne en maître sur la place. Il est aidé par son neveu qu'il a pris comme employé. Mais Enzo est aussi un bel exemple de débrouille. Invitant la cinéaste à venir chez lui, une maison qu'il a héritée de sa mère, il déclare qu'il ne paye ni l'eau ni l'électricité. Il les vole. Et pour arrondir ses fins de mois, il vend aussi des oiseaux qu'il capture, bien que ce soit illégal. Il bricole lui-même les cages et cède le tout, un oiseau et sa cage, à 20 euros. Pour Enzo, tous les moyens sont bons pour gagner de l'argent. On aura aussi droit au témoignage d'une dame employée au ministère de l'Intérieur qui livre une bataille désespérée contre la corruption généralisée et dénonce ouvertement ces magistrats, policiers et politiques qui se vendent à la mafia. En 52 minutes, Dorine fera le tour des parkings de Palerme de jour comme de nuit. Au coucher du soleil, ce sont d'autres gardiens de parking qui investissent les places. Un jeune Italien qui tient un parking de 40 voitures déclare à la caméra : «Ce parking est privé durant la matinée mais le soir il devient le mien.» Après ce sympathique et révélateur voyage italien, direction l'Inde en compagnie de la jeune cinéaste française Hélène Chauvin. Pour son premier documentaire, elle a choisi de se pencher sur les mariages en Inde. Une invitation au mariage relate l'histoire du jeune Ravi. Indien vivant à Paris et patron d'un petit fast-food, il reçoit un coup de téléphone de sa sœur qui lui demande de venir en Inde pour se marier avec la fille que sa famille lui a choisie et qu'il n'avait vue qu'une seule fois. N'ayant guère le choix, il prend l'avion à la rencontre de sa destinée. Contraint par les traditions, Ravi est désarmé devant le poids des traditions. Le gourou de la communauté à laquelle appartiennent la famille et la belle-famille de Ravi, Baba Aji, a béni cette union et tout refus sera un déshonneur pour la famille. Le film nous plonge dans une autre culture, dans la société indienne où la famille tient une place fondamentale et où le mariage est une véritable institution. Le couple est la base et le lien entre les familles. L'individu est atomisé. Au cœur des coutumes ancestrales indiennes, on découvre toute la magie des cérémonies de mariage collectives présidées par le gourou. Ravi est sur le point d'exploser… W. S.