La circulaire 104/09/M/DT du 10 février 2009 du ministère des Transports continue de susciter de grandes inquiétudes chez les transporteurs privés. Non que ces derniers soient contre son contenu qu'ils jugent d'ailleurs tout à fait concevable et pratique mais c'est son application sur le terrain qui pose problème. «Nous ne sommes pas contre cette circulaire mais contre son application. Chaque direction de wilaya l'applique à sa façon. C'est l'anarchie totale», explique Mohamed Aider, président de l'Union nationale algérienne des transporteurs (UNAT), lors d'une conférence de presse tenue hier au siège de l'organisation à Alger. Son collège Hocine Bouraba, président de l'Organisation nationale des transporteurs algériens (ONTA) abonde dans son sens et indique que des lignes ont été et sont encore ouvertes sur des tronçons où il y a déjà une surcharge de bus. «C'est la pléthore ! Nous combattons la pléthore», lance, de son côté, Rabah Labdouni, vice-président de l'UNAT. Les deux organisations souhaitent-elles la suppression de cette circulaire ? Non. Ce n'est pas là leur revendication. Ce qu'elles demandent, c'est de se réunir avec les représentants de la tutelle autour d'une même table et discuter ensemble des voies et moyens d'une application efficace et sérieuse de cette circulaire sur le terrain. «Nous voulons être écoutés par nos responsables. Nous voulons qu'ils prennent en considération nos remarques et nos propositions. La circulaire n'est pas mauvaise, c'est son application qui l'est et cela risque d'avoir de lourdes conséquences sur tout le secteur et toute l'économie du pays», soutient Nassim Kharchi, vice-président de l'ONAT. Les deux organisations approuvent ainsi le contenu de la circulaire mais plaident pour une «concertation», une «implication» réelle dans la façon de la mettre en pratique sur le terrain. Pour rappel, la circulaire ministérielle stipule que «l'investissement dans le transport terrestre des personnes est ouvert à la concurrence et ordonne la satisfaction de l'ensemble des demandes de postulants ayant acquis leurs véhicules par propres moyens ou via ANSEJ». Tant mieux donc si le ministère offre plus de chances aux jeunes d'investir dans le secteur mais pas n'importe comment ! Les deux organisations des transporteurs appellent à l'ouverture d'un dialogue sérieux et engagé pour trouver ensemble une solution adéquate au problème. Et pas seulement. Cette histoire de circulaire n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. D'autres problèmes tout aussi sérieux et lourds de conséquences minent le secteur et ils sont imbriqués les uns dans les autres. La question du transport en commun doit être posée et réglée dans toute son entité. «Notre souhait est d'avoir un transport adéquat qui réponde aux normes internationales, notamment en termes de sécurité», affirme M. Labdouni. Et ce dernier d'insister : «Pour y arriver, il faut qu'il y ait une véritable application des lois. Nous ne demandons pas plus qu'une application pure et simple de la loi dans son intégralité et nous ne sollicitons que le dialogue constructif et responsable.» Les deux organisations des transporteurs privés n'évoquent pas un éventuel recours à la grève mais la chose n'est pas écartée : «Nous privilégions la concertation avant la confrontation.» Non sans souligner que «la grève est un moyen et non une fin en soi». K. M.