Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani à environ deux semaines de l'Aïd El Adha, la ville de Annaba est envahie de troupeaux de moutons conduits par des maquignons venus des localités environnantes et des wilayas limitrophes. Ainsi, presque tous les quartiers populaires se sont transformés en marchés à bestiaux avec tout ce que cela suppose comme désagréments aux riverains. Bottes de foin exposées sur les trottoirs, odeurs nauséabondes qui s'étendent jusqu'aux habitations et déjections animales jonchent les rues et les ruelles donnant ainsi un aspect rural à des cités urbanisées situées en plein centre-ville. Cette incursion de la campagne dans la ville n'inquiète nullement les autorités locales et les élus qui laissent faire, se disant que cela ne durerait que quelques semaines et qu'au final tout rentrera dans l'ordre. Ce qui est inadmissible, ce sont ceux censés réprimer cette activité illégale, qui menace la santé des citoyens, qui marchandent avec les maquignons et achètent leur mouton sans se soucier le moins du monde de la mission qui leur est dévolue. Dans certains quartiers, des garages ont été aménagés en bergeries où l'on vient examiner les bêtes, prendre connaissance des prix pour les marchander. En cette veille de l'Aïd, on s'improvise maquignon, on achète quelques moutons des douars environnants et on les revend au prix fort en ville sans aucune forme de contrôle. Pourtant, la réglementation est claire en ce qui concerne la vente des bestiaux, celle-ci prévoit des marchés réglementaires contrôlés par les services de l'Etat, des droits à payer et des vétérinaires affectés audit marché pour s'assurer de la bonne santé des bêtes destinées à la vente. Les zoonoses qui ont fait des ravages les années précédentes, à l'exemple de la blue tongue, la tuberculose ou la brucellose restent un danger pour les populations, dont la consommation de viande en cette période augmente sensiblement. Les marchés dits réglementés comme celui à l'entrée Est de la ville de Annaba, à quelques kilomètres de la cité Seybouse, les bêtes affluent de toutes parts et les prix pratiqués sont prohibitifs surtout pour les petites bourses. Un mouton de petite taille dépasse allégrement 15 000 DA, le bélier, lui, trône à 50 et 60 000 DA, la brebis entre 25 et 30 000 DA, des prix qui défient l'entendement et que les familles ne peuvent supporter. L'explication de cette hausse subite, selon un maquignon, est que, d'une part, les gens sont obligés d'acheter le mouton pour le sacrifier le jour de l'Aïd comme tout un chacun sous peine d'être mal vu dans son propre quartier et, d'autre part, il y a eu cette année beaucoup de pluie, l'herbe est abondante et les bêtes auront de quoi se nourrir sans que l'on ait à dépenser de l'argent pour les entretenir. Les pères de famille, harcelés par les enfants, ne savent plus où donner de la tête après avoir été confrontés aux tracas du Ramadhan, de l'Aïd El Fitr et des dépenses de la rentrée scolaire, ils sont encore une fois mis à rude épreuve par cette capitation dont ils doivent s'acquitter. Alors on a recours aux emprunts auprès d'amis pour faire face à la situation et cela n'est pas toujours évident. D'autres, plus démunis, espèrent, avec le lancement de l'opération «un mouton pour chaque famille», lancée par la wilaya il y a trois jours, figurer sur la liste établie par la direction de l'action sociale.