L'opinion publique algérienne se demandait, après la défaite face au Malawi, si elle avait vu la même équipe nationale qui a rendu le rêve possible, qui a suscité tant d'espoir, qui a provoqué, pendant des semaines, cette explosion de joie qui n'avait d'égal que les liesses de la fête de l'indépendance le 5 juillet 1962. Les observateurs et les spécialistes du football se sont exprimés en long et en large sur les raisons de cette défaite cuisante. Cependant, les Fennecs sont toujours sur le champ de bataille avec les couleurs nationales. Faut-il baisser les bras, l'oriflamme et l'échine ? Ou faut-il se rendre à l'évidence et se dire que l'équipe nationale est une réalité, puisqu'elle l'a prouvé à maintes occasions, qu'elle a arraché le ticket de qualification à la Coupe du monde et que la déroute face au Malawi est un fait, certes, mais les chances d'aller au deuxième tour demeurent intactes ? Saadane n'a pas d'autre choix que de vaincre face au Mali et à l'Angola. Il s'agit d'un défit sérieux et difficile à relever. Les moyens humains existent. La technicité existe. Le professionnalisme est là. La volonté des Fennecs est de fer. Il ne reste alors que le management, les bons choix tactiques et une bonne composition d'un onze capable de relever ce défi au nom des millions d'Algériens qui ont les yeux rivés sur le stade du 11 Novembre de Luanda, à défaut de pouvoir emplir les tribunes de leurs cris légendaires : one, two, three, viva l'Algérie. Cette litanie s'est tue après l'exploit de l'équipe du Malawi dont les Algériens saluent la victoire, reconnaissent la cohésion, la pugnacité et la rage de vaincre. Les Fennecs semblent avoir pris conscience de ce silence assourdissant imposé aux rues des villes et villages d'Algérie. Ils ont certainement imaginé les larmes amères ayant effacé le sourire et le regard plein de joie de ces jeunes qui ont accompagné les Verts au Caire, à Khartoum et au Palais du peuple. Ces jeunes se rencontrent dans le quartier, dans le café, dans le bus pour se consoler en essayant de comprendre ce qui s'est passé face au Malawi. Ils s'interrogent sur la prestation de chaque joueur, surtout sur les choix tactiques et la composition de Saadane. Ce dernier est pourtant le seul responsable de ses choix car c'est lui qui, en théorie, est le seul décideur au plan technique. Car, s'il y a des interférences dans ses prérogatives, il a le devoir de les dénoncer, de les refuser et de s'imposer à tous les niveaux. Quand des joueurs, sélectionnés par les soins de Saadane, s'autorisent à faire des déclarations sur la composition de l'équipe et sur le onze qui doit être aligné face à l'adversaire, il est évident que l'anarchie s'installe, que le moral des troupes soit au plus bas et que le résultat soit celui qu'on a vu face au Malawi. Pourtant, le président de la FAF a tout mis à la disposition de l'entraîneur et des joueurs. Certes, rien n'est perdu. Mais si Saadane veut sérieusement relever le défi, il doit reprendre les choses en mains, imposer la discipline qui garantit la cohésion et la victoire et cesser d'invoquer le climat et l'environnement exogène qu'il connaissait d'avance et pour lequel il aurait dû se préparer physiquement et moralement. Les Verts sont capables de créer des surprises et continuer sur leur lancée victorieuse. Saadane a-t-il la volonté de vaincre ? A. G.