Ces derniers mois, les marchés à Annaba ont été inondés de marchandises douteuses provenant de l'étranger, marchandises qui, la plupart du temps, sont importées frauduleusement et sont revendues dans les rues et même dans des commerces établis. L'informel qui se développe de manière fulgurante ne s'embarrasse pas trop des règles qui régissent cette activité et les revendeurs se contentent de fourguer leurs marchandises aux citoyens sans se soucier de leur qualité ou des délais de consommation fixés. Les produits proposés aux étiquetages frauduleux et non conformes sont contrefaits et présentent des risques réels pour la santé publique mais les clients se bousculent malgré tout, croyant faire une bonne affaire au vu des prix proposés. Du côté du théâtre, sur la petite place publique, des étals d'articles de toutes sortes, allant du survêtement aux costumes en passant par les cosmétiques, qui ces derniers temps, ont explosé, se vendent le plus normalement du monde sans aucune forme de contrôle. Les services de l'Etat sont «occupés» ailleurs et ne se soucient pas trop de ces commerces occasionnels qui, pourtant, font beaucoup de mal aussi bien aux citoyens qu'aux commerçants inscrits. A quelques mètres de là, des policiers en faction, impassibles, se contentent d'observer et laissent faire. Tous les articles revendus dans cet espace «commercial», shampooings, après-shampoings, parfums, crèmes pour la peau, teintures pour cheveux, rimmels, rouges à lèvres et autres sont contrefaits mais sont présentés comme étant authentiques. Les prix pratiqués sont alléchants (près de 50% de rabais) et la gente féminine, croyant faire une affaire, se bouscule devant les revendeurs pour acheter des produits qui peuvent nuire à leur santé. Interrogé sur l'authenticité et l'origine de ces articles, un jeune revendeur nous jure qu'ils sont «d'origine» et qu'il n'y a pas de doute là-dessus. Nous montrant l'emballage et les étiquettes collées sur les flacons, il nous a fait observer que l'inscription «made in…» y figure. «C'est un produit sûr, c'est garanti, nous on ne vend pas de la contrefaçon.» Allant même jusqu'à ouvrir un des flacons, il nous invite à le sentir pour déterminer si c'est bien le parfum d'origine. Ce qui est sûr, c'est que ces produits, même s'ils ressemblent beaucoup aux originaux, sont contrefaits puisqu'on ne peut pas sur le plan commercial vendre un produit à la moitié de sa valeur marchande. Aux services de la Direction du commerce de la wilaya de Annaba, on nous dit qu'il est très difficile de contrôler ces produits contrefaits, il faut faire la lecture du code-barres où chaque élément la constituant a une lecture. D'un autre côté, les services de la concurrence et des prix ainsi que ceux du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes ne peuvent intervenir qu'auprès des commerces établis et inscrits au registre. Ceux pratiquant sur la voie publique ne relèvent pas de leur compétence et sont soumis à une autre réglementation ; l'APC et les services de police sont habilités à intervenir dans ces cas. Toujours est-il que les services de la DCP ont enregistré récemment 7 500 interventions dans le chef-lieu de wilaya et dressé 1 602 procès-verbaux auprès des commerces établis. Des saisies ont été opérées et des échantillons de marchandises ont été analysés pour s'assurer de la conformité des produits proposés à la vente du point de vue églementation. Mais le problème reste toujours posé et n'est pas encore réglé ; dans les marchés, des produits impropres à la consommation, des produits périmés, des produits d'origine inconnue et surtout des produits qui représentent un danger réel pour la santé des citoyens continuent à être vendus dans la rue. Où est l'Etat ?