«Epine fendue en deux» ou spina-bifida en latin, c'est ainsi que les spécialistes appellent le tube neural donnant naissance à la moelle épinière et à l'ensemble du système nerveux et qui se referme presque dans le bas du dos, au niveau des lombaires ou du sacrum, le bas du rachis. Il en résulte que les deux ou trois vertèbres qui l'entourent ne peuvent pas se souder pour constituer la colonne vertébrale. Cette anomalie engendre de graves conséquences du fait que la moelle n'est plus protégée. Elle provoque des paralysies, des troubles sensitifs, des anomalies morphologiques de la moelle, des vertèbres et des côtes. our l'heure, les causes de cette malformation demeurent inconnues et l'on évoque une prédisposition familiale d'ordre génétique qui provoquerait des anomalies chromosomiques. Mais certaines avancées scientifiques sont parvenues à voir plus clair en témoignant que 70% des cas de spina bifida pourraient être épargnés par un supplément en acide folique (vitamine B9). Les femmes en âge de procréer sont appelées à consommer beaucoup d'aliments contenant cette vitamine 4 mois avant la conception et à poursuivre ainsi 8 semaines après afin d'éviter «l'échec de la fusion du tube neural [forme embryonnaire du cerveau et de la moelle épinière]». C'est un traitement préventif que les médecins recommandent surtout dans le cas où les femmes ont présenté lors de grossesses antérieures une anomalie de fermeture du tube neural ou encore la prise de certains médicaments antiépileptiques pouvant induire des carences en folates. En traitement curatif, la neurochirurgie reste l'ultime recours pour les enfants affectés de cette pathologie. Toutefois, les avis sont partagés sur la prise en charge effective de cette frange en Algérie. Aussi faudra-t-il souligner qu'il n'existe pas de données sur l'incidence de cette affection en Algérie, mais on avance 1 à 5 cas pour 1 000 de par le monde. Les spécialistes locaux attribuent en grande partie cette anomalie à l'absence de prévention et de sensibilisation concernant la prise d'acide folique. Cette défaillance a été à maintes reprises décriée par des neurochirurgiens algériens émérites. Nous citerons à titre d'exemple l'intervention de M. Bouyoucef, médecin spécialiste au CHU de Blida, qui n'a pas manqué de mettre à nu le déficit en matière de prévention en Algérie. Une carence qui profite aux associations exerçant hors du pays et qui sont montrées du doigt, car on estime que le spina bifida est pris en charge tel qu'il se doit par des neurochirurgiens algériens. On se rappelle pour cela la montée au créneau du président de la Société algérienne de neurochirurgie qui mettait en relief les compétences nationales à réussir les traitements curatifs de cette affection tout en rejetant les intentions «d'envoyer des enfants l'étranger pour les opérer». ar ailleurs, en l'absence d'associations réparties à travers le territoire algérien, qui recenseraient et contribueraient à prendre en charge la thérapie, il est difficile de tirer un satisfecit sur la prise en charge des enfants atteints de cette anomalie congénitale. A Constantine, le service de neurochirurgie manque de moyens et dans les autres secteurs sanitaires les moyens de prévention font grandement défaut. De plus, le taux de personnes atteintes n'est pas fiable, car on se contente d'avancer que le pays traite annuellement des cas… en attendant que la prévalence soit connue, voire freinée, grâce à des mesures préventives édictées par le ministère de la Santé. N. H.