Photo : M. Hacène Par Amirouche Yazid Fini l'intermède du congrès du FLN et, en attendant que les Verts récupèrent toute l'attention du peuple, l'actualité nationale se déroule entre des bidonvilles émeutiers et des logements qu'on refuse d'attribuer aux vrais nécessiteux. La responsabilité du pouvoir local est manifestement engagée sur ce registre. La part visible de la question indique que les autorités invitent les gens à investir la rue, parfois dans la violence et la brutalité, pour faire valoir leur besoin de logement. On l'a vu à travers les quatre coins du pays où les émeutiers réclament des logements décents et de préférence là où ils le souhaitent. La part invisible de cette «bataille» révèle l'étendue de la responsabilité des autorités, qui proposent le couloir du parallèle pour de simples demandes de logement. Avec le passe-droit, le clientélisme, le népotisme qui caractérisent la gestion de l'administration, les Algériens ont fini par se rendre à l'évidence -signe de la déliquescence de la gestion administrative- que, pour figurer sur la fameuse liste de bénéficiaires, il est vain de se conformer aux règles d'usage. Il est plutôt recommander d'emprunter des circuits informels pour que le rêve se réalise. Autrement, le cauchemar va s'éterniser. Des milliers de familles en vivent l'amère expérience. Leurs dossiers traînent dans les bureaux de l'administration qui fait la promotion des procédés informels au détriment du respect de la réglementation. Rien d'étonnant vraisemblablement de la part d'élus locaux promus à des postes qui ne correspondent guère à leur profil. Il faut ajouter à cela la concentration des prérogatives de décision entre les mains de l'administration locale. Cette hiérarchie de délibération a incontestablement rendu plus efficaces les circuits parallèles qui accaparent tous les biens, notamment le logement, ce toit que cherchent beaucoup d'Algériens. Le résultat est déroutant à ce sujet : les chances d'accéder à un logement par le biais d'une formule légale sont insignifiantes au moment où le sort d'une demande «élue» par le maire ou le chef de daïra est connu d'avance. Les citoyens se font ainsi une idée du procédé qui les rapprocherait du logement. Il consiste à se rapprocher d'abord du cercle de décisions territorial qui promet «logement et autres» l'espace d'une mandature, souvent renouvelable. Cette situation d'attribution des logements ne répond à aucun critère. Plutôt que procéder par équité et priorité, la sélection se fait par filiation et par tribalisme. Le gendre ou l'oncle de Monsieur le wali peut bénéficier d'un logement social à 17 ans alors qu'une famille victime de séisme risque de souffrir éternellement dans un chalet. C'est la triste réalité de l'administration algérienne qui promet depuis des années un fichier national du logement qu'elle n'a pas pu établir. Ou qu'elle n'a pas voulu établir. Pour maintenir opérationnels les procédés parallèles. Le respect de la réglementation, elle, peut attendre. A chaque administration sa culture et ses priorités…