Très à l'aise dans son style, et toujours aussi original, tel que l'ont connu son public et ses fans, Cheikh Sidi Bémol a animé un mini-concert jeudi dernier à la librairie Espace Noun. Réunissant les gens des médias et quelques professionnels de la scène artistique, le musicien et caricaturiste, Hocine Boukella de son vrai nom, a présenté son dernier album intitulé Paris, Alger, Bouzeguène, paru récemment aux éditions Belda Diffusion. Le musicien troubadour, chanteur, parolier, compositeur, peintre… tout de noir vêtu, les cheveux coupés courts (finie la queue de cheval), s'est montré très affable. Avec son humour décapant et une énergie explosive, il a fini par transmettre son punch à toute l'assistance. De la bonne humeur pour une rencontre très décontractée. Après les salutations d'usage qu'il fera dans un arabe classique perlé de déclinaisons humoristiques, il se saisit de sa guitare électro-acoustique pour présenter quelques extraits de son dernier album. Pour cette dernière production dont il définit le style comme étant du «berbère, celtic, groove», il a fait appel à de nombreux musiciens émérites, des valeurs sûres, à l'image de son frère Youcef Boukela de l'OMB à la basse et du batteur de talent Karim Ziad. Le résultat est un régal, un savoureux assemblage de sonorités «pour éviter le terme mélange qui ne reflète pas la coquetterie du son». On retrouve dans les onze titres des influences de musique celtique qui emprunte un peu au folk surtout lorsque la flûte s'éclipse et laisse entendre le banjo. On notera également que Cheikh Sidi Bémol est toujours fidèle au rock, un genre dans lequel il se sent comme un poisson dans l'eau, et cela à travers les guitares saturées qu'on retrouve dans la majorité des titres de ce dernier opus. Paris, Alger, Bouzeguène n'est autre qu'un titre qui raconte l'itinéraire artistique de l'artiste, mais aussi sa sphère géographique (il est souvent entre ces trois régions). Concernant les titres des chansons, la touche humoristique est omniprésente, tels Tchina, Boudjeghelelou et Magali et Mokrane. Mais les paroles sont de véritables traits que Cheikh Sidi Bémol décoche contre les travers et les dérives de la société. L'artiste a opté pour la langue amazighe dans la majorité des titres. El Hou, comme le surnomment ses amis et fans, régalera par la suite les invités de quelques reprises de ses anciens tubes, à l'instar d'El Bandi et de Walou. A la fin de la rencontre très intime, l'artiste conviera le petit Rachid, un garçon âgé d'à peine douze ans, à l'accompagner au chant. Très timide, Rachid gagnera tout de suite la sympathie et l'admiration de tous. La rencontre se terminera dans une bonne ambiance de rires et de blagues échangées en live ; l'artiste, comme à l'accoutumée, a fait montre de modestie. Une exposition de ses caricatures décore les murs de la librairie, permettant ainsi au public de découvrir une autre facette de Cheikh Sidi Bémol. Et on a fini avec une séance de vente-dédicace de Paris, Alger, Bouzeguène. W. S.