Photo : APS De notre envoyé spécial à Djemila Kamel Amghar Tous les ingrédients étaient pourtant réunis pour offrir une très belle soirée au public de Djemila. L'accès gratuit à l'enceinte de la ville antique a quasiment doublé l'affluence. Familles, jeunes et vieux, filles et garçons, ont effectué massivement le déplacement en donnant des couleurs aux travées clairsemées des 5 premiers jours. L'affiche était aussi alléchante avec la présence annoncée de Djamel Allam et de Massinissa qui comptent des sympathies certaines dans la région. Mais l'enthousiasme de l'assistance ne tardera pas à décliner avec les premiers ratés de l'organisation. L'interprète syrien, Majd Riad, qui a ouvert le bal aux alentours de 22 heures, a carrément squatté la scène jusqu'à 1h30 du matin. Le chanteur amateur, qui a, exclusivement et maladroitement, repris des titres de l'immortel Abdelhalim Hafedh, s'est accroché au micro malgré les sifflements insistants du public. Les organisateurs n'avaient pas jugé utile d'intervenir pour faire respecter les temps impartis à chacun. Dans les coulisses, on chuchotait que ce comédien de séries télévisées était le fils adulé d'une notabilité syrienne. Par égard pour son dignitaire de papa, on a apparemment laissé faire. Par petits groupes, les fans de Massinissa, victime d'un accident de circulation sans gravité sur l'axe Batna-Sétif, ont commencé à quitter les lieux en premier. Même si aucune victime n'est à déplorer, l'artiste avait annulé sa prestation. C'est aux premières heures de la matinée, qu'on a appelé Djamel Allam à se produire. Le monstre sacré de la chanson kabyle a fait contre mauvaise fortune bon cœur, mais sa voix trahissait un agacement indicible. Devant un peu plus d'une centaine de ses fans invétérés, il a commencé par rendre hommage aux regrettés Youcef Chahine et Ahmed Malek qui viennent de nous quitter pour entamer ensuite son récital. Ourtsrou, Alghali Allah, Djawhara, Gatlatou, Thella, Maradyoughal, cinq titres en tout. Allam, d'ordinaire jovial, faisait triste mine à la fin de la soirée. «C'est dommage ! Je reviendrai une autre fois à Djemila pour un vrai concert», promet-il, en annonçant l'entame incessante d'une tournée nationale et internationale pour la promotion de son dernier album Youyous des anges. Une œuvre conçue avec la participation de nombreuses icônes de la musique algérienne, dont cheb Khaled, Mohamed Lamine, feu Ahmed Malek et Akli D, notamment. Encore une fois, l'organisation a été incontestablement défaillante au grand dam du large public présent et des artistes algériens qui se retrouvent relégués, comme d'habitude, à jouer les seconds rôles. Il est indispensable de bien recevoir ses hôtes, mais sans humilier cependant les siens. Pour un festival qui a la légitime prétention d'acquérir une aura internationale, il est impératif de bannir cette culture du bricolage. Sans professionnalisme, on ne parviendra jamais à grand-chose.