Près de 50 millions de Philippins inscrits sur les listes électorales ont été appelés aux urnes, hier, dans 17 600 bureaux. Le scrutin présidentiel aux Philippines s'accompagne d'élections générales devant désigner près de 18 000 représentants à tous les niveaux de la vie politique de l'archipel. A la tête du pays depuis 2001, la présidente Gloria Macapagal Arroyo, dont le mandat a été éclaboussé par des scandales de corruption, n'était pas autorisée à se représenter. Toutefois la préparation de cette élection historique a été semée de dysfonctionnements. Le gouvernement de la présidente actuelle, Gloria Arroyo, étant très impopulaire, beaucoup craignent les tricheries pendant ce scrutin. Le favori à sa succession, selon les sondages, n'est autre que le sénateur de l'opposition Benigno Aquino III, fils de l'ancienne présidente Corazon «Cory» Aquino, qui instaura la démocratie aux Philippines après le renversement du dictateur Ferdinand Marcos en 1986, et du chef de l'opposition Benigno Aquino Sr, tué en 1983 lors de son retour d'exil des Etats-Unis par des hommes de Marcos. Crédité de 42% des intentions de vote selon certains sondages, il devance largement ses principaux adversaires, l'ancien président Joseph Estrada ainsi que le sénateur d'opposition Manuel Villar. Candidat du Parti libéral (LP), Benigno «Noynoy» Aquino, 50 ans, s'est dit vendredi dernier confiant de sa victoire, à condition que les votes des lécteurs soient comptabilisés correctement. Il a déclaré sa crainte quant aux risques de fraude, alors que la commission électorale a assuré que les cartes à mémoire de plus de 76 000 machines défectueuses seraient remplacées à temps pour permettre la tenue du premier scrutin électronique dans cette démocratie de 90 millions d'habitants. Des défaillances ont cependant été constatées hier et Benigno Aquino lui-même n'a pu voter immédiatement dans son bureau de vote de Tarlac, au nord de Manille. La fermeture des bureaux a été retardée d'une heure pour permettre aux électeurs de participer. Dans le passé, le décompte manuel des bulletins avait retardé les résultats pendant des semaines et entraîné des fraudes. Les autorités espéraient de premières estimations quelques heures après la fermeture des bureaux de vote. Selon un responsable électoral, près de 300 machines sont tombées en panne, mais la plupart ont pu être remplacées. La commission électorale a rejeté, la semaine dernière, une requête de six des neuf candidats à la présidentielle, dont M. Aquino, demandant un comptage manuel des votes en cas de défaillance technique des machines. M. Aquino a fait campagne sur un programme de lutte contre la corruption qui gangrène l'archipel, tout comme la pauvreté et la violence qui a fait une centaine de morts durant la campagne. Hier encore, deux civils ont été tués dans des échanges de tirs entre partisans armés de deux candidats rivaux dans la province de Maguindanao, selon des sources sécuritaires. Des tirs ont également éclaté entre soldats et hommes armés. M. Aquino a aussi promis de restaurer la crédibilité du Congrès et de la justice de son pays. Jouant sur son image d'intégrité, il a affirmé aux agences de presse son intention, en cas de victoire, de poursuivre les responsables corrompus et de mettre en place une commission d'enquête sur la présidente sortante. Les premiers résultats étaient attendus en fin de journée après la fermeture des bureaux de vote. G. H.