Déception, chagrin, amertume… Quel mot pour dire le sentiment de frustration éprouvé par les millions de supporters qui étaient hier de tout leur être avec l'équipe nationale ? La désillusion était immense, autant que l'était la ferveur avant le coup d'envoi de la rencontre entre l'Algérie et la Slovénie. Tous les cœurs ont battu au rythme de la partie jouée hier, tous les regards étaient braqués sur les joueurs, et, à l'autre bout du continent, il n'y avait qu'une chose à faire : gagner. Il ne devait pas y avoir une autre alternative. Tout le pays s'est arrêté le temps d'un match, les Algériens n'avaient qu'un espoir, celui de voir leur équipe l'emporter sur son adversaire pour pouvoir affronter avec confiance son prochain rival. Les rues se sont vidées dès la mi-journée. L'entraîneur des Verts aurait dû voir avec quelle passion ses concitoyens se préparaient à suivre la rencontre de leur équipe. Avec quelle fougue ils avaient chanté à la gloire de cette l'équipe et décoré les rues de l'emblème national. Il aurait dû voir le sacrifice de l'intérêt commercial des boutiquiers et autres commerçants qui avaient préféré baisser rideau pour se consacrer uniquement à l'intérêt du moment, et ceux, rares, dont les magasins étaient restés ouverts qui y avaient installé des téléviseurs. Pour eux, pour leurs clients et pour les passants qui ne pouvaient pas être chez eux. Les fast-foods et les cafés étaient bondés, tous avaient les yeux rivés sur l'écran. Des appareils de télévision, il y en avait jusque dans la rue, sous des tonnelles montées par de jeunes vendeurs informels, pour ne rien rater et en même temps faire profiter les compagnons de route -sans jeu de mots- tout en surveillant les étals. Toutes ces images assemblées, et bien d'autres, donnent un aperçu de l'amour des Algériens pour leur équipe, et du sens qu'ils ont de l'honneur du pays. Des millions de jeunes, de femmes, d'enfants et même de vieux ont vibré à l'unisson, ils ont frôlé la joie quand les occasions de marquer se sont présentées, des occasions ratées qu'ils avaient tellement espéré voir transformées en buts. Des buts, ils en ont attendu, mais c'est la défaite qu'ils ont eue en prime. A l'exaltation qui a régné avant la rencontre a succédé l'abattement. Pizzerias et cafés se sont vidés de leurs occupants et de l'ardeur qui les avait caractérisés au début de la rencontre. Après l'espoir qui s'étiolait peu à peu pendant le déroulement du match, le silence, puis les commentaires. La rue ne pouvait contenir toute l'amertume engendrée par la déroute de l'équipe nationale, jeunes et moins jeunes ne pouvaient que donner libre cours à leur colère en fustigeant le «fautif». L'entraîneur des Verts avait d'autres choix, il ne devait pas reconduire les mêmes éléments qui échouent. Ni lui ni ceux qui font pression sur lui pour faire jouer tel ou tel joueur, même défaillant, n'avaient le droit de mener l'équipe à l'échec. R. M.