De notre correspondant à Constantine A. Lemili Il est du bon usage des secteurs concernés de l'administration publique de faire le bilan, au moment opportun, de l'activité estivale locale. C'est donc ce qui sera fait au cours des premières sessions de l'APW de la rentrée sociale. Le Festival du malouf sera la locomotive, en ce sens qu'il aura coûté une masse financière pharaonique difficile à justifier, le plan bleu prendra la suite, pour qu'enfin soient évoquées les soirées de plein air variées, au théâtre de verdure, lequel soit dit en passant n'amortira jamais ses coûts de réalisation, au vu des manifestations ponctuelles qui s'y déroulent, malgré le fait que dans cette partie du pays, comme pratiquement partout ailleurs, le beau temps est dominant presque pour la moitié de l'année. Bien entendu, le malouf a ses admirateurs, le plan bleu a ses bénéficiaires et ils le méritent amplement parce qu'il s'agit des enfants, et qui plus est, d'enfants issus de familles démunies. Les soirées au théâtre de verdure donnent aux jeunes l'occasion de s'éclater, de planer, mais aussi d'aller à la baston pour moins que rien. Reste alors la majorité, Constantine n'est-ce pas après tout, douze communes, dont seulement une, en l'occurrence Constantine, se taille la part du lion en matière d'activités festives. La commune du chef-lieu de wilaya est plus ou moins accompagnée de celle du Khroub. En somme une sorte d'alibi, ni plus ni moins. Alors quelles sont les occupations de cette majorité ? Il est tout d'abord une certitude : elle ne s'ennuie pas... loin s'en faut. Parce qu'il y a des substituts au désert artistique et culturel dans la ville, auxquels s'est amplement habitué et adapté le commun des citoyens. La débrouille, l'improvisation, l'instinct et parfois de l'ingéniosité dans l'art de tuer le temps, quoique les substituts soient parfois, si ce n'est en général conventionnels. Il n'en demeure pas moins que ce sont justement les qualités précédemment évoquées qui en font la différence et les particularités. Ainsi parties de dominos, cartes...belote, rami, tarot, peu importe, dans des cafés qui ont pris l'habitude de fermer très tard et parfois jusqu'aux premières lueurs de l'aube pour ceux qui, parce que résidant dans des lieux moins enclavés que d'autres, et sous la lumière blafarde d'un lampadaire pour ceux moins bien lotis. Quoi, qu'il en soit, cette forme d'occupation qui n'est en réalité qu'une répétition atavique de comportements qui remontent à plusieurs décennies avant, a pour avantage évident de rapprocher les protagonistes et de mettre en place une extraordinaire interaction avec ceux qui ne sont pas impliqués dans le jeu et qui en font malgré tout l'autre élément essentiel. D'où l'homérisme des situations décuplé par la causticité des rapports humains entre les acteurs impliqués. L'incontestable bonhomie des moments présentement vécus a, depuis quelques années, et notamment, dans les communes originellement rurales (la majorité), ensuite urbanisées par nécessité conjoncturelle, définitivement ancré ces comportements en modus vivendi qui ne seront jamais échangés contre toute autre forme de distraction parce qu'il ne faut pas grand-chose pour matérialiser des moments de bonheur intense. Paradoxalement, ces formes d'expression, à première vue, et si l'on ne s'y attarde pas, à même d'annihiler ou d'édulcorer les effets agressifs naturels de l'été passent inaperçues et c'est sans doute ce qui en fait un ancrage et un comportement dorénavant propres aux populations algériennes. Comme s'il s'agissait d'un retour vers des fondamentaux.