Dans les immeubles des cités-dortoirs, les habitants essayent autant que faire se peut d'améliorer leur cadre de vie, un cadre de vie que, sauf miracle, ils ne quitteront plus. Il s'en trouve alors qui, imaginatifs, édulcorent la grisaille ambiante par une amélioration relative de leurs conditions. La plus courante est le recours à l'installation, si sommaire serait-elle, de jardinets auxquels certains n'hésitent pas, dans un accès de gigantisme, à en faire presque une jungle… miniature. Même si rares sont les cas où l'accord des voisins est sollicité en ce sens que le fait accompli est un exercice des plus normaux chez nos concitoyens, ces mêmes voisins sont peu enclins à trop en faire et ferment les yeux d'autant plus qu'avoir de la verdure sous ses fenêtres est nettement plus avantageux qu'un hideux terrain nu.Néanmoins, les modifications ne s'arrêtent pas au cadre plus ou moins champêtre évoqué car nombreux sont aujourd'hui les habitants qui, pour prendre leurs aises et réduire quelque peu la question de promiscuité, procèdent à des extensions intérieures tous azimuts en rognant sur la salle de bains pour en faire une chambre d'appoint, évacuer l'espace initial de la cuisine transformée encore en pièce dès qu'un nouveau membre de la famille se marie, démolir un pan de mur pour agrandir le salon ou sinon donner l'illusion d'un plus grand espace. A défaut de disposer d'entrée d'aération en des endroits précis, certains autres ont tout simplement pris la décision d'en creuser dans les pans d'immeubles, mettant ainsi toute la structure habitée en péril.Et là, malgré toutes les mises en garde des services de l'OPGI, en réalité plus du brassage d'air que des mesures coercitives concrètes, les locataires y vont de plus belle, faisant de plus en plus fort comme squatter les terrasses et transformer buanderies ou débarras en agréables appartements avec vue imprenable sur l'ensemble de la cité, du faubourg, voire de la ville pour les immeubles, un bol d'air exceptionnel et le nec plus ultra… pas de voisin gênant au-dessus. Le tout, sans contrepartie. La seule mesure que les services de l'OPGI ont concrétisée concerne l'enlèvement des réservoirs d'eau installés sur les terrasses des immeubles et menaçant leur stabilité du fait de la forte portance et inversement de la faible capacité de résistance des matériaux desdits immeubles. Mais les abus ne s'arrêtent jamais là dans la mesure où tous les lieux possibles sont squattés. Ne voilà-t-il pas que, dans une vieille cité constantinoise, en l'occurrence la cité Djouad Tahar, certains locataires ont trouvé le moyen de s'adjuger d'autorité un espace réservé à l'ensemble des locataires et surtout garantissant et préservant leur intégrité physique, à savoir les paliers d'étages. Sur l'ensemble des bâtiments 6, 7, 8 et 9, quelques locataires, s'estimant sans doute plus intelligents que les autres mais aussi au-dessus des lois et, par voie de conséquence, faisant fi de toute la bienséance possible, voire du minimum d'éducation, ont décidé de transformer, au risque de mettre en péril des dizaines de personnes, les paliers de communication en pièces supplémentaires.Cela évidemment avec la passivité, pour ne pas dire, quelque part, la complicité de la direction de l'OPGI, voire le laxisme de l'ensemble des institutions détentrices des moyens coercitifs et répressifs. Or, il suffirait qu'un incident se déclare à la base de l'un de ces immeubles pour que ses locataires se retrouvent automatiquement piégés compte tenu de l'impossibilité d'évacuer les lieux, d'une part, et, pour les éléments de la Protection civile, d'y accéder aussi bien pour circonscrire les flammes que pour arriver à une évacuation dans les conditions minimales des personnes. Mais il ne suffit pas de jeter la pierre aux seules institutions de l'Etat sans pour autant que celles-ci soient dédouanées de leur passivité car il faut également concéder aux voisins de ces prédateurs d'un genre exceptionnel leur propension à raser les murs et subir ces excès sans faire valoir leurs propres droits. Quant aux pièces faisant partie d'une habitation située au rez-de-chaussée d'immeuble transformée en la circonstance en commerce et souvent des commerces sur lesquel la législation est stricte, cela fait dorénavant partie du décor.