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Les pays arabes tentent d'obtenir d'Israël la signature du TNP à Vienne Alors qu'une Conférence pour la dénucléarisation du Moyen-Orient est programmée pour 2012
«La bombe ne dissuade pas. Eux [les autorités israéliennes] la détiennent pour ne pas faire la paix», a déclaré Mordehai Vanunu, L'espion israélien Vanunu, qui avait révélé au monde, pour la première fois en 1986 sur les colonnes du Sunday Times les secrets nucléaires de l'Etat hébreu, avait été enlevé par le Mossad en Italie et transféré vers Israël avant d'être emprisonné pendant 18 ans pour «espionnage». La révélation de Vanunu concernait le site de Dimona, dans le sud d'Israël, considéré comme l'un plus grands «symboles» du programme nucléaire militaire secret israélien. Le site en question est opérationnel depuis presque un demi-siècle. Si plus personne n'ignore que l'Etat sioniste dispose de l'arme atomique et d'un programme militaire nucléaire très avancé, Tel-Aviv continue toutefois à maintenir le flou sur ce sujet. Mais les autorités israéliennes n'hésitent pas à insinuer qu'elle pourrait user de cette arme pour dissuader ceux qui auraient l'intention d'agresser leur pays. Et c'est surtout le voisin iranien qui est visé par ces insinuations puisqu'il est le seul pays à développer une industrie nucléaire dans la région proche et moyen-orientale. Selon plusieurs sources, Israël dispose de plus de 150 armes atomiques dont certaines sont d'une portée dépassant les 4500 kilomètres à l'exemple de Jericho 1 et 2. L'intention de l'Etat sioniste à se lancer dans l'industrie nucléaire militaire est devenue plus claire lorsqu'il a refusé de signer en 1968 le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) qui réunit aujourd'hui plus de 150 pays, à l'exception d'Israël, l'Inde, le Pakistan et la Corée du Nord qui s'est retirée en 2003. Ce refus de signer le TNP s'est fait avec le consentement de leur allié et protecteur inconditionnel : les Etats-Unis. Certains pays membres de l'Union européenne et adhérents au TNP fournissent même des composants clés pour les scientifiques israéliens depuis la fin des années 1950 qui marquent la date du début de la politique nucléaire de l'Etat hébreu. Il s'agit principalement de la France et de la Grande-Bretagne qui ont, respectivement, assisté et vendu secrètement des matériaux indispensables pour la production du plutonium utilisé dans le fonctionnement du réacteur de Dimona dans le désert du Néguev, a révélé en 2005 un reportage diffusé par la chaîne de télévision BBC et reposant sur des archives britanniques. Malgré cette cascade de révélations, Israël maintient son ambiguïté sur son arsenal nucléaire et avec la bénédiction des Etats-Unis, la suspicion de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) s'abat sur l'Iran qui n'a pas cessé de réaffirmer son droit à disposer de l'industrie nucléaire, tout en déclarant n'user de cette source d'énergie que pour les besoins de sa recherche médicale et pour la production de l'énergie électrique. A la veille de l'ouverture de la 54e Conférence générale annuelle de cette agence à Vienne, dont les travaux se dérouleront entre les 20 et 24 septembre, Washington et quelques capitales européennes ont tenté de détourner l'intérêt des pays participant à cette rencontre vers Téhéran, en la désignant comme la seule menace pour la paix régionale à moins de deux ans de la tenue de la rencontre sur la dénucléarisation du Proche-Orient. Or, l'ordre du jour de la 54e assemblée de l'AIEA est le vote du projet de résolution proposé par au moins vingt Etats arabes exigeant d'Israël d'apposer sa signature au bas du TNP. Même si cette résolution ne s'avère pas contraignante pour l'Etat hébreu, les Occidentaux essayent, d'un point de vue symbolique, de défendre leur ami israélien qui n'est pas du tout enclin à respecter le jeu des lois internationales, ayant déjà bafoué sans hésitation les conventions de Genève sur la guerre lorsqu'il s'est autorisé à agresser en toute impunité la bande de Ghaza durant l'hiver 2008/2009. Profitant de la présence du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, à New York, qui doit participer la semaine prochaine à l'ONU au sommet sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et à la session annuelle de l'Assemblée générale des Nations unies, l'administration de la Maison-Blanche a versé son venin, via sa secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, sur le régime iranien en s'inventant une nouvelle «dérive» qui risque d'avoir lieu à Téhéran et dont les auteurs ne sont autres que l'armée, les Gardiens de la révolution et leurs milices. De son côté, le gouvernement israélien tente d'attirer l'attention de la communauté internationale sur une autre présumée menace de la part de son voisin syrien qui s'apprête à acquérir chez les Russes des missiles de croisière Yakhont P-800. Le contrat d'achat de ces armes a été conclu entre Damas et Moscou en 2007. Les Yakhont ont une portée de 300 km et peuvent transporter une charge explosive de 200 kg. Ces armes sont, selon Tel-Aviv, capables d'atteindre les navires de guerre israéliens au large des côtes libanaises au cas où elles seraient transmises par la Syrie au Hezbollah. L'armée israélienne a déjà accusé Damas de fournir des armes secrètement au Hezbollah libanais, considéré au même titre que la Syrie comme un allié du régime des Ayatollahs iraniens. Ces accusations avaient été formellement démenties par Bachar Al-Assad qui a reçu dimanche son homologue iranien, Mahmoud Ahmadinejad, pour une visite de quelques heures. Les deux chefs d'Etat ont d'ailleurs affiché la «solidité» des relations entre les deux pays et affiché leur volonté à les «consolider», selon les médias. Lors de cette rencontre, qui a duré deux heures à l'aéroport de Damas, les deux présidents ont affirmé «leur volonté de poursuivre les consultations entre les deux pays dans l'intérêt la région», a-t-on appris de source iranienne, citée par la presse locale. Pour pouvoir renverser la vapeur et repousser l'échéance du vote du projet de résolution exigeant d'Israël de ratifier le document du TNP, il reste une seule possibilité pour les Etats-Unis et l'UE. L'exercice d'un chantage économique dans les coulisses sur certains pays arabes présents à la réunion de Vienne pourrait s'avérer très efficace. Outre cette possibilité, les Occidentaux peuvent marchander le retrait du projet en question en proposant d'aider les pays arabes à se doter de centrales atomiques pour la production de l'énergie électrique. Car, de plus en plus de pays du Moyen-Orient, à l'image de l'Égypte, optent pour l'énergie nucléaire en raison de la hausse de la demande en électricité, liée à la croissance économique et démographique, mais aussi face aux avancées sur ce terrain de leur voisin iranien. L'Egypte compte construire quatre centrales nucléaires d'ici 2025 pour répondre aux besoins croissants de plus de 80 millions d'habitants en électricité. La première centrale, d'une capacité de 1 000 mégawatts, devrait être opérationnelle au début de 2019 et sera réalisée à Al-Dabaa, sur la côte méditerranéenne. La Jordanie, qui importe 95 % de ses besoins énergétiques, selon le quotidien libanais L'Orient Le Jour, vient de son côté de signer un accord dans le domaine du nucléaire civil avec le Japon, Les Émirats arabes unis ont fait appel à la Corée du Sud pour la construction de quatre centrales pour un coût de 24,4 milliards de dollars. Même constat au Koweït qui a signé un accord de coopération avec la France et le Japon pour la réalisation de quatre centrales d'ici à 20 ans. Enfin, l'Arabie saoudite a également donné son feu vert en juillet à un accord de coopération nucléaire avec la France, afin de diversifier ses sources de production d'électricité. Disposant de la technologie nécessaire à l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins civiles, les capitales occidentales pourraient ainsi user de ce subterfuge pour permettre à leur ami israélien de prolonger le flou entourant son programme nucléaire qu'il considère comme un des piliers de sa politique sécuritaire dans la région du Moyen-Orient. L. M.