La joie a été de courte durée au sein du Front national algérien. Le parti de Moussa Touati, qui s'est longtemps vanté d'avoir gagné beaucoup d'élus lors des locales de 2007, a vite déchanté. C'est le président du parti lui-même qui a reconnu, lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, qu'il y a eu «une faille dans le choix des candidats». Pis, «nous nous sommes rendu compte que beaucoup de ces candidats ont rejoint le parti non par conviction, mais par opportunisme», a-t-il révélé. L'ancien candidat malheureux lors de la présidentielle de 2009 a même donné des chiffres. Plus de 400 élus locaux ont été destinataires de «demande d'explication». Ils sont coupables, selon le conférencier, de «mauvaise représentation du FNA» ou de «manque à leur devoir de militant». Cela dit, le parti n'a pas encore «prononcé d'exclusion», selon lui. Cette sentence a, par contre, touché deux parlementaires. Un autre député a démissionné de lui-même. En contrepartie, affirme encore Moussa Touati, «12 députés venant de plusieurs partis et des indépendants ont rejoint le FNA» durant cette législature. Six autres sont sur le point de le faire, ce qui porte le nombre de députés FNA à 21 actuellement «en attendant les six autres». Sur le plan local, M. Touati s'est réjoui que près de «200 élus [aient] adhéré à notre parti». Cette situation d'instabilité est perçue par le président du Front national algérien comme «un manque de formation politique». «Dorénavant, ne seront candidats du parti que ceux qui répondent aux normes de compétences politiques», a-t-il annoncé en prévision des élections locales et législatives de 2012. C'est pour préparer cette échéance que le conférencier a déjà «rencontré 6 000 militants dans 11 wilayas». Le reste est à suivre. Le Front national algérien compte 1 874 élus locaux et 15 députés (sans les ralliements et les démissions). Sur le plan purement politique, Moussa Touati affirme que son parti «est dans l'opposition». Cela n'empêche, il adopte une position parfois incomprise, puisque son groupe s'abstient le plus souvent lors des votes à l'Assemblée populaire nationale. «L'abstention est aussi une forme d'opposition», réplique-t-il. Selon lui, si le FNA s'abstient, c'est parce qu'il sait que «cela ne sert à rien de voter» pour des lois que la majorité va «adopter de toute façon». «Etant une minorité, nous ne pouvons pas changer grand-chose», a-t-il estimé. Mais, a-t-il dit, «nous ne sommes pas une opposition comme les autres à partir du moment où notre opposition est purement pacifique». Moussa Touati avoue n'avoir pas encore lu le projet de code communal. «Je n'ai lu que des rumeurs sur lesquelles je ne peux pas me prononcer. En revanche, je peux assurer que cette loi ne doit pas sortir du cadre de la Constitution qui garantit la souveraineté populaire. Cela veut dire que le wali ne devra en aucun cas avoir plus de pouvoir sur les élus au risque de confisquer le choix du peuple», a-t-il prévenu. A. B.