De notre correspondant à Constantine A. Lemili Pour espérer, dans un proche avenir, recomposer le parti à l'est du pays et dans sa capitale, il était impératif, pour le secrétaire général d'En Nahda, de recourir à un discours politique agressif quoique, par à-coups, contenu dans un gant de velours dès lors qu'il s'agissait d'admettre les mérites de certaines actions du gouvernement. C'est ce qu'il a fait dans la matinée d'hier au centre culturel Ben-Badis devant une quarantaine de cadres régionaux.Quoiqu'il en soit, sur le plan comptable En Nahda ne pèse plus grand-chose sur l'échiquier politique national comme en témoignent les 300 élus de la formation dans les différentes assemblées, ses douze PAPC et enfin cinq députés. Et le seul moyen de préserver cet acquis, mais surtout de se créer une audience passe par une stratégie de marketing politique qui fait défaut et que le SG impute d'ailleurs au monopole de deux partis politiques sur plus le important média qu'est la télévision.Mais question stratégie toujours, F. Rebaï dira au cours de propos tenus dans un cadre informel, dans le siège du secrétariat de wilaya, que «l'objectif de cette rencontre regroupant l'élite de quatorze wilayas vise d'abord à faire un diagnostic de la situation politique, sociale et économique telle qu'elle est appréhendée par les cadres du mouvement. Et, à partir de là, la nécessité de déterminer les contours d'une stratégie interne laquelle, à partir d'arguments sérieux, permettrait au parti d'engager une démarche à hauteur de ses projets, voire de ses ambitions par rapport aux échéances à venir». Et, dans la foulée, le remettre en orbite dans l'arène politique nationale. Pour donner le ton aux propos tenus dans ledit cadre informel, il confirmera ses intentions en faisant feu de tout bois pour dénoncer la récente visite de la ministre française de la Justice, dont il met la raison sur le compte d'une «sollicitation diplomatique officielle et de lobbies en vue de mettre un bémol à la demande de certains acteurs de la société algérienne civile et/ou politique de criminaliser les atrocités et actes inhumains coloniaux commis par la France». Soufflant le chaud et le froid en politique internationale, il rappellera le drame ghazaoui, tout en s'appesantissant sur la présence «des cadres d'En Nahda ayant accompagné l'une des délégations sur les lieux (Ghaza)», déclenchant alors une salve d'applaudissements de l'auditoire.La corruption, la nouvelle loi portant code communal, la déclaration de politique générale du Premier ministre prononcée jeudi dernier devant le Parlement, la cacophonie dans les bilans des secteurs gouvernementaux donneront du grain à moudre à F. Rebaï. «Tant que la justice ne semble pas présenter des garanties de réelle indépendance, il ne sert à rien de promulguer loi sur loi pour lutter contre la corruption. Il ne faut surtout pas se leurrer, le nouveau code communal est là pour réduire la capacité d'action des élus, leur proximité des citoyens et surtout de répondre aux attentes des citoyens. Avec celle-ci (la loi modifiant le code communal), c'est à un recul de la démocratie que le peuple assiste. En Nahda est consciente du formidable effort de développement réalisé depuis ces dernières années, toutefois il serait utile de rappeler que les budgets phénoménaux consentis pour une grande partie des projets sont loin d'être représentatifs, voire exagérés comparativement à la qualité ou à la dimension des réalisations finales.» Partant de ce constat, le SG du parti islamiste émet des doutes sur la fiabilité des bilans et surtout des chiffres et statistiques fournis officiellement, citant pour l'exemple le taux de chômage sur lequel se contredisent les ministres de tous les secteurs concernés de près ou de loin par la question. F. Rebaï propose pour normaliser, et surtout donner plus de transparence aux activités des départements ministériels, la création d'une commission indépendante d'audit qui pourrait être constituée d'experts nationaux… indépendants.La rencontre de vendredi passé est la deuxième programmée après celle du Centre. Deux autres devraient suivre à l'ouest et au sud du pays pour qu'enfin les résolutions finales soient soumises aux militants de base et la synthèse générale au conseil consultatif national.