De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani L'insécurité dans la ville de Annaba touche désormais tous les quartiers et rien ni personne n'est à l'abri d'une agression, d'un vol ou d'un cambriolage même en plein jour. Certaines cités de cette grande ville de l'Est sont presque «interdites» aux services de sécurité qui font des rondes pédestres ou motorisées juste à la périphérie de ces lieux devenus des coupe-gorge pour les «étrangers» qui s'y hasardent. Les ruelles du quartier Place d'Armes sont souvent le théâtre de délits de toutes sortes, agressions, vols à l'arraché, bagarres de rue et autres courses-poursuites entre bandes rivales qui s'affrontent à l'arme blanche. Dans la petite place publique –qui ne l'est plus- squattée par les trabendistes au grand dam des commerçants établis, on trouve de tout, surtout des articles volés, produits de cambriolages effectués dans les autres quartiers. Receleurs, revendeurs et autres trafiquants y ont élu domicile. Il est rare de voir des agents de police en uniforme ou en civil avec dossards, encore moins de véhicules de police, ne serait-ce que pour dissuader d'éventuels malfaiteurs, ce qui rajoute à l'insécurité déjà bien assise en ces lieux. L'hôtel Saf Saf, un établissement 3 étoiles, ne travaille presque plus, même en période estivale, les clients n'y viennent plus de peur d'être victimes de vols ou d'agressions. Le propriétaire qui s'est plaint à maintes reprises de cette situation n'a visiblement pas été entendu puisque les mêmes individus font toujours leur loi dans ce quartier. Les trabendistes installés de part et d'autre du trottoir et même sur la chaussée lui concèdent juste un étroit passage pour permettre à d'hypothétiques clients d'y entrer. Selon nos informations, de guerre lasse, l'hôtelier compte vendre son établissement pour aller s'installer ailleurs et en finir ainsi avec cette situation.A quelques dizaines de mètres plus bas, le cours de la Révolution, cœur battant et vitrine de la ville de Annaba est lui aussi infesté d'individus peu recommandables, à l'affût de quelque mauvais coup. On a assisté récemment à l'agression d'un jeune homme par une bande d'adolescents accompagnés d'un adulte resté en retrait. La victime a dû remettre son argent et son portable aux trois assaillants qui le menaçaient avec une arme blanche ; cela s'est passé vers 16 heures, un vendredi après-midi où la circulation est relativement réduite. «Ce n'est pas la première fois que ça arrive, nous dit Chaouki, un patron de kiosque sur le Cours, il faut voir le soir à la tombée de la nuit, ces individus deviennent maîtres des lieux.» C'est presque la même chose, voire pire du côté de La Colonne, Val Mascort, Kouba, Djebanet Lihoud Souk Ellil, Sidi Brahim, la cité Auzas, El M'haffer, Kouba ou Oued Forcha, des malfaiteurs y sévissent, agressions et vols ne se comptent plus et les victimes, sachant que l'on se contentera d'enregistrer leurs plaintes contre X, ne se déplacent plus dans les commissariats préférant prendre leur mal en patience ou essayer de se défendre sur le moment. Il faut signaler cependant que les effectifs de police sont réduits et manquent de moyens matériels puisque affectés à plusieurs missions à la fois et ils ne peuvent faire face à des interventions et à des appels multiples. Dernièrement cependant, une action des services de police a abouti et a permis l'arrestation de trois individus qui écumaient les quartiers de Kouba, Sidi Aïssa et Val Mascort. Ces derniers, dont l'âge se situe entre 22 et 26 ans, avaient agressé deux jeunes filles pour leur arracher leurs téléphones portables, celles-ci avaient pu récupérer leurs biens après que les éléments de la police judiciaire eurent repéré les auteurs du délit et les eurent pris en chasse. Arrêtés et identifiés par les victimes, les malfaiteurs avaient été déférés devant le procureur de la République qui les a placés sous mandat de dépôt. Au quartier Mont-Plaisant, un médecin, à qui on a volé le poste radio de sa voiture après en avoir fracturé la portière, a pu identifier les voleurs qui étaient à bord d'un autre véhicule dont il avait noté la plaque d'immatriculation. Le véhicule suspect avait été arrêté au niveau d'un barrage de police et ses occupants arrêtés pour être présentés à la justice. Cependant, il faut dire que la situation ne s'est guère améliorée et les habitants vivent constamment avec le syndrome des agressions et des vols, chacun évite au maximum d'emprunter certaines rues ou ruelles, quitte à faire de longs détours par des rues plus sécurisées parce que fréquentées.