L'Argentine est parvenue à conserver son titre de championne olympique de football, sous une chaleur accablante, en prenant sa revanche (1-0) contre le Nigeria -qui l'avait battue en 1996-, sur un but de Di Maria et une passe décisive de Messi, hier matin au «Nid d'oiseau» de Pékin. Les Africains, qui s'étaient imposés en finale à Atlanta (3-2), glanent leur seconde médaille olympique. Le bronze était revenu la veille au Brésil, facile vainqueur de la Belgique (3-0). L'histoire bégaie, en revanche, pour la génération Messi, sacrée championne du monde des moins de 20 ans en 2005 après avoir battu successivement le Brésil puis le Nigeria (2-1). Que ce fut chaud ! Mais pas sur le plan du jeu, plutôt tiède. La faute à un fond de l'air effrayant, près de 35°C sans l'once d'une brise. De quoi s'interroger sur la programmation d'une finale de football un 23 août à Pékin, à midi (4hGMT), c'est-à-dire aux aurores en Europe et en Afrique, et au beau milieu de la nuit aux Amériques... L'arbitre lui-même prit l'initiative rare d'inviter les protagonistes à se désaltérer par deux fois (30, 70), profitant d'un arrêt de jeu. Comme dans les temps morts du hand, les entraîneurs en profitaient pour remobiliser leurs troupes. De la volonté, il y en eut pourtant. Présents dans les duels, proposant un jeu construit autour des milieux offensifs Isaac et Obinna, les vagues vertes nigérianes déferlaient sans mollir. La charnière argentine Garay-Pareja tenant bon, les Africains se faufilaient sur les côtés et se procuraient ainsi les meilleures occasions, avec un nombre incalculable de centres. Okonkwo, Adeleye, Kaita et Ajilore, débordant d'énergie et sur les ailes, étaient au service mais la réception demeurait déficiente : Obinna et surtout Odemnwingie manquaient invariablement les offrandes. Quand ce n'était pas le gardien Romero qui s'interposait, comme sur ce ballon filant vers son soupirail (85). Volontaire, Di Maria le fut aussi. L'ailier argentin fut récompensé de son activité incessante sur le front offensif par le but de la victoire (58), lorsqu'il conclut d'une frappe piquée-lobée une course depuis le milieu de terrain sur une passe de Messi. Ce dernier, probable meilleur joueur du tournoi, eut du mal à rentrer dans son match, entre des pertes de balle, une imprécision inhabituelle et la surveillance de ses cerbères. Samson Siasia, le sélectionneur nigérian, avait mis en garde ses hommes : «Défendre contre Messi sera notre plus grande tâche.» Seulement, le but de Di Maria contraignait les Aigles à s'envoler vers l'attaque, libérant ainsi des espaces que Messi fit siens. Le grand joueur et avec lui le spectacle étaient revenus. Il mettait en orbite Agüero, qui tirait au-dessus (75), puis partait seul au but, mais Apam effectuait le tacle parfait (78). Des tirs nigérians frôlant le montant de Romero ponctuaient une fin de partie haletante. Mascherano, unique rescapé de l'épopée athénienne, devient le premier joueur avec deux médailles d'or. Mais le dernier mot revient à Di Maria, qui s'était émerveillé après la gifle infligée au Brésil : «Que demander de plus ? J'ai gagné ma place, je joue bien en ce moment et nous venons de signer une victoire historique. Il n'y a pas grand-chose à ajouter,n'est-ce pas ?» Juste un but en finale.