Le 13 novembre 2010, l'opposante birmane Aung San Suu Kyi a été libérée après avoir été privée de sa liberté pendant vingt et un ans. La communauté internationale a applaudi à ce geste de la junte militaire birmane occultant du coup les 2 100 prisonniers politiques qui croupissent dans les geôles du régime. Cette libération spectaculaire a aussi fait oublier les élections législatives en Birmanie du 7 novembre qui ont renforcé le pouvoir en place. Finalement, la levée de l'assignation à résidence de madame Aung San Suu Kyi n'a été qu'un leurre qui a manifestement réussi à berner les chantres de la démocratie en Occident. La Birmanie n'est plus la préoccupation majeure des démocraties occidentales. La junte birmane a compris le formalisme occidental qui ne s'intéresse qu'à des personnes jamais aux peuples et à leurs souffrances et brimades, comme c'est le cas au Liban, en Irak ou en Palestine où les feux de la rampe ne sont braqués que sur des individus ou des communautés précises, comme si les droits de l'Homme et la dignité de l'Homme sont spécifiques à des catégories de gens. La junte birmane a préféré tenir ses élections législatives formelles avant de libérer l'opposante encombrante qu'est Aung San Suu Kyi. Cette dernière jouit en effet d'une popularité incontestable et aurait pu gêner le régime et brouiller les cartes si elle avait été libérée avant le 7 novembre. Aung San Suu Kyi est la fille du général Aung San et leader du mouvement d'indépendance birman. Elle a été emprisonnée à maintes reprises en raison de son militantisme en faveur de la démocratie et des droits humains en Birmanie. Elle dirige le parti d'opposition, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Ce parti a remporté une victoire écrasante aux élections en 1990, mais il n'a jamais été autorisé à prendre le pouvoir. Aung San Suu Kyi a passé 15 des 21 dernières années assignée à résidence. Elle a été arrêtée pour la première fois par le régime militaire birman en 1989 et maintenue en détention à domicile jusqu'en 1995. Elle a été assignée à résidence une deuxième fois en 2000, et elle a été libérée en 2002. Le SPDC l'a arrêtée une troisième fois en 2003 après une attaque contre son escorte alors qu'elle voyageait à l'intérieur du pays. Son assignation à résidence a été prolongée d'une année en mai 2008, et on s'attend à ce qu'elle soit à nouveau prolongée illégalement en mai 2009. A. G.