Photo : S. Zoheir Par Ali Boukhlef En l'espace de deux jours, le Rassemblement national démocratique (RND) d'Ahmed Ouyahia a fait deux déclarations tout aussi contradictoires que complémentaires. Même si les sources de ces discours ne sont pas tout à fait les mêmes. Ainsi, au cours d'une réunion du bureau d'Alger du RND, Seddik Chihab, vice-président de l'Assemblée populaire nationale et président du bureau de la capitale pour le parti, a estimé mercredi dernier que les Patriotes «doivent être réhabilités». Mieux, le député de la capitale est allé un peu plus loin en faisant le parallèle entre la situation des Patriotes et celle des terroristes ont été graciés. La réplique n'a pas tardé. Elle est venue des instances dirigeantes du RND. Le lendemain de la réunion susdite, donc jeudi dernier, au cours d'une réunion de son bureau national, présidé par son secrétaire général et chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia a non seulement répondu au responsable du parti mais apporté un éclairage presque utile dans cette conjoncture d'incertitudes politiques et sociales. «Toute déviation de la réconciliation nationale est synonyme de victoire pour le terrorisme hostile à l'Algérie et à son peuple», estime donc d'emblée le parti de Ahmed Ouyahia dans le communiqué qui a sanctionné les travaux de la réunion de jeudi. Le RND a réaffirmé à cette occasion son attachement à la réconciliation nationale. Et pour ne léser personne, surtout pas les Patriotes qui constituent l'essentiel des militants du parti, le document du RND précise que le parti «s'est recueilli également à la mémoire des martyrs du devoir national au sein des rangs de l'Armée nationale populaire [ANP] et des différents corps de sécurité ainsi qu'au sein des Patriotes, saluant leur courage dans la lutte antiterroriste». Cela étant précisé, le communiqué du RND réitère sa dénonciation des «lâches actes terroristes qui ont visé une fois encore notre peuple, s'incline à la mémoire des victimes et exprime sa compassion à leurs familles». Il faut rappeler que la question des Patriotes et des Groupes de légitime défense (GLD) constitue un cheval de bataille pour le parti de Ahmed Ouyahia qui compte dans ses rangs plusieurs chefs patriotes, à l'image de Zidane El Mekhfi, décédé il y a quelques années. La Charte pour la paix et la réconciliation nationale, adoptée en septembre 2005 par référendum, ne donne pas beaucoup de place à cette catégorie qui a bénéficié d'un statut provisoire en 1996. Ces derniers mois, plusieurs hommes ayant pris les armes contre le terrorisme durant les années 1990 ont été désarmés. Si certains ont été intégrés dans les corps de l'armée et de la police communale, d'autres, notamment les plus âgés, se retrouvent sans emploi ni statut.